Connaissance des institutions, des différentes confessions, égalité homme-femme... Le Conseil d'Etat vaudois a annoncé hier le début pour cet automne d'un nouveau cursus, financé par le canton et les participants eux-mêmes. Cette nouvelle offre répond à un mandat du Département des institutions et de la sécurité, dirigé par la conseillère d'Etat Béatrice Métraux.
Cette formation a un intérêt particulier pour les musulmans ou les évangéliques, par exemple, qui ont déposé une demande pour être reconnus d'intérêt public dans le canton de Vaud. Pour y arriver, il y a des critères à remplir. Et cette formation continue, mise sur pied par l'Université de Lausanne, devrait les aider à s'y conformer.
Pas de formation des imams
Il ne s'agit pas de former des imams comme à l'université de Fribourg, assure Eric Golaz, délégué aux affaires religieuses. "Il y a aussi la possibilité pour les églises catholiques d'inscrire des prêtres qui viennent de pays parfois fort lointains, d'Afrique ou de pays de l'Est et qui connaissent très mal notre pays. Il n'est absolument pas question de parler de formation des imams. Ce qui nous intéresse, c'est de faire que les communautés qui demandent à être reconnues soient composées de responsables qui connaissent le canton de Vaud, ses institutions et son paysage religieux", précise-t-il.
Pour Eric Golaz, l'intérêt pour les participants sera aussi de nouer des liens avec des représentants d'autres confessions, afin de favoriser le dialogue interreligieux.
Les inscriptions sont ouvertes et une vingtaine d'étudiants sont attendus, avec à la clef, une attestation qui sera considérée d'un bon oeil par les autorités au moment d'évaluer les demandes de reconnaissance. A noter que ces cours s'adressent bien à toutes les communautés, mais ils ne sont pas obligatoires: la loi ne le permet pas, a toutefois confirmé le canton de Vaud à la RTS.
Martine Clerc/jvia
Pas un "effort de rattrapage"
Interrogé sur la question, Pascal Gemperli, secrétaire général de l'Union vaudoise des associations musulmanes, réfute l'idée selon laquelle cette formation constitue un "effort de rattrapage" pour les responsables religieux, musulmans notamment, issus de l'immigration.
"Les cours sont obligatoires pour toutes les communautés, même celles qui sont déjà reconnues. D'ailleurs, à ma connaissance, la communauté catholique est composée de 40% d'étrangers. Maintenant c'est vrai qu'il y a beaucoup d'immigrés dans notre communauté (musulmane, ndlr), mais cette immigration date d'il y a 30 à 40 ans. La première mosquée du canton de Vaud date d'il y a plus de 40 ans... ce sont des gens qui aujourd'hui sont issus de la deuxième ou troisième génération", détaille-t-il.
Il insiste aussi sur le fait que "30% des musulmans ont le passeport suisse" et que "le pourcentage augmente en Suisse romande, on dépasse les 40%". "Je crois que l'immigration, c'est un peu du passé. On doit aujourd'hui constater - comme j'ai souvent envie de le dire - que l'islam est une religion suisse", conclut-il.
>> Son interview complète mercredi dans La Matinale: