A la tête de la rédaction depuis février 2018, Caroline Gebhard n'occupe plus ses fonctions. "Elle a été convoquée et licenciée par le conseil d’administration fin juin alors qu’elle n’avait jamais reçu d’avertissement et de manière cavalière", déplore son avocat Raphaël Mahaim, revenant sur une information parue jeudi dans "24 heures". A ses yeux, il s’agit clairement d’un licenciement abusif.
Et d’ajouter que sa cliente accuse le coup. "Madame Gebhard a investi énormément d’énergie pour ce journal et les échos étaient positifs. Elle est coupée dans son élan".
Une version contestée
Une version que conteste Charles Munoz, avocat de la société Regio Hebdo SA qui édite le titre. Caroline Gebhard et le conseil d'administration rencontraient depuis un certain temps des désaccords sur la ligne éditoriale.
"Elle a été convoquée en juin par une délégation du conseil d'administration pour lui communiquer un certain nombre de mécontentements".
"L'idée était aussi de lui signifier son congé, mais c'est elle qui a pris les devants et a donné sa démission pour fin août alors qu'elle avait un dédit de six mois", poursuit le conseil. Sa décision a toutefois été acceptée.
Et Charles Munoz de s'étrangler: "le comble, c'est qu'elle a déposé une requête d'extrême urgence pour empêcher son employeur de communiquer sur le sujet et sa demande a été acceptée. Voilà que juste après, un article paraît".
Municipalité d'Yverdon mécontente
Ce qui est certain, c'est que la couverture de l'actualité locale par le journal faisait grincer des dents au sein de la Municipalité d'Yverdon.
Dans un courrier datant de mai 2019, le syndic Jean-Daniel Carrard fait part de "la déception" de l'exécutif sur la manière dont ont été couverts certains événements.
Et de reprocher à la rédactrice en chef de ne pas avoir publié une photo sur laquelle apparaissaient plusieurs syndics ou de ne pas avoir relayé ses propos lors d'un événement co-organisé par la Ville. "La répétition de ce type de choix rédactionnels partiaux nous fait penser qu'il s'agit d'une volonté délibérée, peu professionnelle", peut-on lire.
Le chef de l'exécutif lui annonce "en conséquence", la suspension de la parution de la lettre d'information de la Ville dans le journal. La diffusion de cette newsletter est facturée 3480 francs par édition, hors taxes, précise le service de communication de la Ville. Celle-ci était diffusée huit fois par an.
Atteinte à la liberté de la presse selon impressum
Le service de communication ajoute que "la Municipalité s’est interrogée sur la qualité de la couverture de l’actualité locale". "Dans le souci d’utiliser au mieux les budgets à disposition, il lui paraît parfaitement légitime de s’interroger sur les meilleurs moyens de diffuser les informations utiles aux administrés, afin que ceux-ci puissent en toute connaissance de cause se forger une opinion et évaluer les prestations publiques", conclut-il.
De son côté, impressum bondit au plafond. "Que des autorités locales osent exercer de telles pressions sur un journal est une atteinte intolérable à la liberté de la presse". S'agissant du licenciement de Caroline Gebhard, il le juge abusif. "Caroline Gebhard est une grande professionnelle qui fait l'unanimité dans le milieu du journalisme", souligne Flavienne Wahli Di Matteo, présidente d'impressum vaud.
ats/ther