Après la nouvelle attaque de fourgons, le canton de Vaud interpelle Berne
Suite au braquage de deux fourgons blindés dans la nuit de jeudi à vendredi près de La Sarraz, l'exécutif vaudois a décidé de saisir le Conseil fédéral. Le canton est particulièrement touché par ce type d'attaques et veut y mettre un terme.
Les autorités vaudoises ont interpellé Berne en urgence, révèle le journal Le Temps vendredi. Deux véhicules de transport de fonds ont été attaqués vers 03h10 du matin à la jonction autoroutière de La Sarraz. Un des deux chauffeurs a pu dégager son fourgon, mais l’autre véhicule a été dévalisé et ses occupants frappés. Les braqueurs sont parvenus à s'enfuir.
>> Lire également : Deux fourgons blindés attaqués dans le Nord vaudois à une sortie d'autoroute
Les convoyeurs de fonds et la police veulent renforcer la sécurité lors de ces transferts d'argent. Leur demande est simple: circuler de nuit dans des véhicules blindés plus lourds.
Modification de la loi
La loi actuelle ne permet cependant pas aux véhicules de plus de 3,5 tonnes affectés au transport de fonds de circuler de nuit. Jusqu'à maintenant, seules les denrées alimentaires périssables et les fleurs coupées peuvent être transportées de nuit dans des véhicules lourds. Le Conseil fédéral refuse d'entrer en matière pour des questions de protection contre le bruit.
Berne vient même de préconiser le rejet de la motion déposée par le conseiller national PLR vaudois Olivier Feller. Le gouvernement vaudois ne compte pas en rester là: la loi doit changer au plus vite, d'où l'interpellation de vendredi.
"Au vu de la nature de cet évènement violent, il existe un intérêt public prépondérant à agir et à autoriser les transports de fonds la nuit avec des véhicules blindés lourds", indique vendredi la conseillère d'Etat Béatrice Métraux à l'ATS.
Série noire dans le canton de Vaud
Le canton de Vaud traverse une série noire. Deux attaques de ce type ont déjà été menées cette année, et deux en 2018. A l'inverse les cantons de Neuchâtel, Fribourg ou du Valais n'ont pas de cas à relever. A Genève, le dernier braquage de fourgon remonte à cinq ans en arrière.
Pour les malfrats, le canton de Vaud est particulièrement attrayant. Il se trouve proche de la France - le pays de résidence de la plupart des bandes organisées - et il est traversé par des axes autoroutiers. La fuite est donc plus facile.
>> Voir le sujet de Forum sur les convoyeurs qui exigent davantage de mesures de sécurité :
Sarah Clément/gma
Publié
Rouler la nuit, une nécessité
"Nous avons une certaine inquiétude par rapport à nos convoyeurs qui sont attaqués régulièrement. Nous demandons une dérogation pour avoir l’autorisation de rouler la nuit avec des véhicules plus lourds", indique Luc Sergy, directeur de l’Association des entreprises suisses de services de sécurité (AESS), vendredi dans Forum.
Questionné sur le fait de rouler de nuit, à des heures plus propices aux attaques, celui-ci assure qu'il s'agit d'une nécessité. "Si nous ne pouvons plus rouler la nuit, cela aura des conséquences sur l'économie suisse. Je rappelle que l'approvisionnement des bancomats, notamment, est fait par ces entreprises. Si nous ne roulons pas la nuit, plusieurs bancomats pourraient être vides le matin", explique-t-il
Enfin, Luc Sergy estime que le problème ne concerne pas l'armement des convoyeurs, mais bien le blindage des véhicules. "Les agents sont armés, c'est pour leur propre protection. Quand vous avez affaire à des armes de guerre en face de vous, toute personne sensée n'ira pas sortir son arme pour essayer de se défendre."