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Un médecin vaudois jugé pour avoir tué sa patiente en fin de vie

Le procès du médecin généraliste vaudois s'est ouvert lundi matin à Vevey. [Keystone - Adrien Perritaz]
Un médecin vaudois jugé pour le meurtre d’une de ses patientes / Le 12h30 / 1 min. / le 23 septembre 2019
Le procès d'un médecin de famille vaudois, accusé du meurtre d’une patiente de 86 ans en fin de vie décédée en 2015, s'est ouvert lundi à Vevey. Une centaine de patients sont venus soutenir le généraliste, qui explique avoir voulu mettre fin aux souffrances de l'octogénaire.

Le procès a lieu dans une salle d’audience bondée du Tribunal correctionnel d’arrondissement de l’Est vaudois. Le prévenu est un médecin généraliste de 44 ans, officiant à Pully depuis 2007.

Cet homme est accusé de meurtre sur la personne d’une de ses patientes, décédée le 18 juin 2015 à l’âge de 86 ans. Il est passible de "cinq ans de prison au moins" d’après le Code pénal, pour ce que le Ministère public, par l’intermédiaire du procureur général Eric Cottier, voit comme une sorte d’euthanasie active non explicitement sollicitée.

Mari inquiet

La disparue souffrait notamment d’une sévère hypertension artérielle pulmonaire et d’insuffisance cardiaque fortement invalidante. En 2012, elle avait signé une "directive anticipée" désignant le prévenu et son fils comme personnes de confiance. Ce document précisait aussi que l'octogénaire était contre tout acharnement thérapeutique.

En avril 2015, la vieille femme s'est fracturé une vertèbre en chutant à son domicile. Elle a ensuite été hospitalisée au CHUV puis au Centre universitaire de traitement et réadaptation de Sylvana. Et ce dans une situation d’angoisse psychique et de décompensation cardiaque qui a achevé d’inquiéter son mari.

D’après l’acte d’accusation, l’homme de 90 ans était convaincu que sa femme était en fin de vie. Il redoutait que les médecins de Sylvana ne versent dans l’acharnement thérapeutique et ne placent son épouse dans un EMS au lieu d’abréger ses souffrances en lui prodiguant des soins palliatifs et de confort.

Injection létale

Le 15 juin 2015, la disparue, très diminuée, a bénéficié d’une autorisation de sortie de quelques heures pour se rendre à son domicile. A cette occasion, le médecin vaudois lui a fait notamment une injection létale de curare, commandé fin mai 2015. Et ce, sans prévenir ni Sylvana ni le fils de la disparue, souligne l’acte d’accusation. Le décès est survenu dans les minutes suivantes avec l’assentiment du mari de l'octogénaire.

Jugeant suspectes les circonstances de cette mort annoncée comme "naturelle" par le prévenu, la directrice de Sylvana avait dénoncé alors le cas aux autorités. A Vevey, l’audience se poursuivra mardi.

"Ma patiente ne souhaitait pas décéder à l'hôpital et décéder à domicile n'était pas quelque chose qu'elle ne souhaitait pas", a déclaré le médecin vaudois devant les juges.

ats/gma

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