"Ça fait mal et on se demande pourquoi on travaille..." Ludovic Paschoud, vigneron à Lutry, a dû renoncer à vendanger 5% de ses vignes cette année.
Cela à cause des quotas mis en place par le canton pour empêcher les excédents de stock: "C'est écœurant. On a investi dans cette vigne: du temps, de l'amour, de l'argent aussi. J'ai un vigneron qui dit 'On brasse de la salade': finalement, c'est ça! On travaille une année complète pour produire du raisin et on arrive à la fin et on dit aux vendangeurs 'Stop, c'est fini'," déplore ce professionnel.
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Peu de consommation indigène
Des quotas pour ne pas produire trop, car le constat est là: les Suisses consomment peu de vins indigènes. Ceux-ci ne représentent que 35% de part de marché, selon les cantons viticoles romands (lire encadré).
Une situation difficile à vivre psychologiquement mais aussi financièrement: "Par exemple, à Lutry, on peut parler de l'ordre de 50-55'000 francs de coûts d'exploitation pour cultiver la vigne", témoigne Ludovic Paschoud: "Et aujourd'hui, il y a des risques que nous soyons rémunérés à hauteur d'une quarantaine de milliers de francs par hectare. Cela veut dire que cette année, on va perdre de l'argent".
La faute aux grandes surfaces?
Alors, à qui la faute? Les vignerons pointent du doigts les grandes surfaces: chez Denner, une bouteille vendue sur quatre est suisse. Coop parle d'une sur trois. Les deux géants de la distribution expliquent par courrier électronique proposer un assortiment couvrant toutes les préférences de leurs clients.
Pour l'instant, la loi ne les oblige pas à diminuer leurs importations, mais les choses pourrait changer car la question sera débattue au Conseil national par les élus de cette nouvelle législature.
Virginie Gerhard/sjaq