Le semi-remorque transportant les bisons est arrivé jeudi après-midi dans les bois de Suchy, à quelques kilomètres d'Yverdon-les-Bains (VD), après près de 24 heures de voyage et quelques tracas douaniers. Sortis de grandes caisses en bois, un mâle et quatre femelles ont commencé à prendre leurs quartiers dans ce nouvel habitat.
L'arrivée des bisons est l'aboutissement de douze ans d'efforts pour les deux Vaudois à l'origine du projet de conservation, le garde-forestier Michel Mercier et le naturaliste Alain Maibach, de l'association Bisons d'Europe de la forêt de Suchy (ABEFS).
"C'est une grosse émotion", a confié Alain Maibach. Après tout ce temps, "tout à coup c'est là! (...) J'ai reçu mercredi matin le dernier mail disant que tout était en ordre..."
L'espèce a frôlé l'extinction
Le bison d'Europe est moins massif que son cousin américain et vit en forêt, tandis que l'autre préfère arpenter les plaines. En Suisse, l'espèce a disparu il y a huit siècles, et elle se serait complètement éteinte si elle n'avait pas bénéficié des premières démarches de sauvegarde menées dans le monde, au début du 20e siècle.
Dans les années 1920, des naturalistes se sont mis en quête des derniers spécimens et ont fini par en trouver une quarantaine dans des élevages, des zoos et des cirques. Seuls 19 étaient capables de se reproduire.
Aujourd'hui, l'espèce compte environ 6000 individus, tous descendants des 19 rescapés d'il y a un siècle. Cette population consanguine reste très menacée par sa fragilité génétique et sa sensibilité aux maladies.
Reproduction sous contrôle
En créant de petits groupes d'animaux indépendants et éloignés géographiquement, on limite le risque que l'espèce soit décimée par une maladie. C'est tout le principe des cellules de conservation génétique.
Celle de Suchy est la première en Suisse, mais il en existe plusieurs en Europe. Après une période de quarantaine, les bovidés arrivés jeudi seront lâchés dans un enclos d'environ 50 hectares dans la forêt.
Les animaux ont été sélectionnés sur une base génétique et l'objectif est qu'ils se reproduisent. Ils seront surveillés de près par des vétérinaires et des généticiens. Dès les premières naissances, les bisons seront marqués et certains pourraient être transférés vers d'autres cellules européennes.
Reportage radio: Simon Corthay
Article web: ptur