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"Etre candidate au Conseil d'Etat n'est pas réservé aux femmes de gauche"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Christelle Luisier, syndique de Payerne
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Christelle Luisier, syndique de Payerne / La Matinale / 10 min. / le 15 novembre 2019
Favorite à la succession de Jacqueline de Quattro au Conseil d'Etat vaudois, la syndique libérale-radicale de Payerne Christelle Luisier Brodard doit éviter les pièges qui la séparent encore de son élection. En cas de victoire, elle devra composer avec un gouvernement de gauche.

Syndique de Payerne depuis 2011 et élue au Grand conseil vaudois l'année suivante, la libérale-radicale vaudoise Christelle Luisier Brodard est candidate à la candidature au sein du PLR pour l'élection complémentaire au Conseil d'Etat du 9 février prochain. Un scrutin qui fait suite à l'annonce du départ de Jacqueline de Quattro, actuelle cheffe du Département du territoire et de l'environnement.

>> Lire à ce sujet : La PLR Christelle Luisier dans la course au Conseil d'Etat vaudois

A 45 ans, l'ancienne présidente du Parti radical vaudois est l'immense favorite dans la course à la succession de la ministre sortante, au point qu'une possible élection tacite a été évoquée. Il n'en sera finalement rien. "Je n'y croyais de toute manière pas", a réagi Christelle Luisier Brodard au micro de la RTS vendredi, contente de se soumettre au jeu démocratique.

Elle devra affronter, notamment, un militant du mouvement de la grève du climat et peut-être un candidat du parti pirate; une campagne face à des opposants inhabituels qui pourrait se révéler piégeuse.

>> Plus de détails : Les grévistes du climat se lancent dans la course au Conseil d'Etat vaudois

"On ne peut pas être partout au top, il y a des pots cassés"

Sa candidature était attendue depuis des années, mais la décision de se lancer dans la course n'a pas été facile à prendre pour autant: "C'est un moment d'émotion, il faut en parler à son parti, mais aussi à ses proches, à ceux qui vous accompagnent au quotidien. C'est une décision lourde de sens. On sait qu'on s'engage pour des années, pour un changement de vie", raconte-t-elle sur le plateau de La Matinale.

Un peu plus tard, elle confie: "On ne peut pas être partout au top, il y a des pots cassés. Je suis moins présente en famille. Au niveau professionnel aussi, il n'est plus possible de faire carrière. Etre à 100% partout, c'est impossible".

Je n'ai jamais été pour les quotas, mais pour les compétences

Christelle Luisier Brodard

L'élection d'une femme de droite sonne comme une évidence pour tout le monde, dans un gouvernement pourtant à forte majorité féminine de 5 contre 2. Un déséquilibre problématique? "Je n'ai jamais été pour les quotas, mais pour les compétences", rétorque Christelle Luisier Brodard, qui précise que, parmi les cinq femmes ministres, une seulement est de droite.

"C'est important aussi que les femmes soient représentées au niveau des partis de centre droit, en terme d'exemplarité pour celles qui viennent chez nous. Elles peuvent se dire: 'on peut être une femme de droite et être candidate aux Conseil d'Etat, ce n'est pas qu'un affaire de femmes de gauche'".

Politicienne de terrain

Son parcours sans faute de politicienne de terrain parle pour elle. "Quand on est syndique d'une commune de 10'000 habitants, la proximité, on la vit au quotidien. On a vraiment les mains dans le cambouis. C'est tous les jours que vous avez des remarques des gens, qui vont des places de travail à la mobilité en passant par les poubelles... Vous devez être en phase, en capillarité avec le terrain", précise celle qui a grandi dans le bistrot payernois tenu par ses parents.

"J'ai beaucoup travaillé dans ce bistrot, j'ai été en contact dès l'enfance avec les problématiques des gens, avec la population. Ça m'a donné le goût de l'écoute".

Quand on est syndic d'une commune de 10'000 habitants, on a vraiment les mains dans le cambouis. On doit être en phase, en capillarité avec le terrain

Christelle Luisier Brodard

A la tête d'un exécutif ultra majoritaire (4 PLR, 1 PS) à Payerne, c'est en tant que minoritaire qu'elle rejoindrait un Conseil d'Etat vaudois dominé par la gauche à 4 contre 3. Une faiblesse? "Non. J'étais présidente du Parti radical vaudois au moment de la fusion avec les libéraux. Je peux vous dire que fusionner avec le Parti libéral n'était pas une mince affaire. Au départ, on nous disait même que c'était une mission impossible au vu des divergences d'opinion. Ça ma permis d'apprendre à rassembler, à battre la campagne pour aller convaincre", illustre Christelle Luisier Brodard.

L'aménagement du territoire dans le viseur

Elle assure ne viser aucun département en particulier: "Je suis prête à prendre n'importe lequel. Quand on entre au gouvernement, on n'est pas là pour en viser un. Je veux m'inscrire dans un collège, une dimension extrêmement importante dans le système suisse", assure la syndique de Payerne, qui peine toutefois à cacher son enthousiasme pour les problématiques de l'aménagement du territoire, thématique de prédilection du Département du territoire et de l'environnement de Jacqueline de Quattro.

Propos recueillis par Xavier Alonso
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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