En 2016, une étude révélait que 72% des femmes de 16 à 25 ans ont été au moins une fois les cibles de remarques à caractère sexuel dans l'espace public lausannois. Désormais, injures, sifflements et attouchements pourront être consignés grâce à une prestation inédite, en forme de questionnaire en 11 points.
Avec cet outil simple, la ville espère mieux évaluer l'ampleur d'un phénomène encore trop peu rapporté aux autorités, en cartographiant notamment les lieux à problèmes. Il s'agit aussi d'apporter une aide aux victimes, qui peuvent choisir de remplir le formulaire de signalement anonymement. L'Observatoire de la sécurité, collaborateur des corps de police, traitera les cas relevant du code pénal.
Réaménager l'espace et le sécuriser
"On sait que l'espace public n'est pas vécu par tout le monde de la même manière", explique lundi dans Forum Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la sécurité à Lausanne. "Le travail de ces prochaines années est de réfléchir à comment l'aménager pour lutter contre les [agressions]. Si on a des signalements concordants au même endroit, ce sera peut-être le moment d'y renforcer la sécurité, par exemple."
Mais pour toute urgence et situation de danger, "il faut appeler la police secours au 117 sans hésiter", rappelle-t-il aussi.
Réponse à un postulat de Léonore Porchet
La ville a commencé à s'attaquer sérieusement au harcèlement de rue en 2018, avec une première campagne de sensibilisation à la population. Celle des policiers et des correspondants de nuit a débuté cette année.
Mais plus tôt déjà, en 2017, la députée verte Léonore Porchet lançait le postulat "pour une application mobile contre le harcèlement de rue à Lausanne". L'association qu'elle préside, EyesUp, a d'ailleurs mis sur pied en juin dernier une plateforme mobile pour signaler les cas de harcèlement sexuel en Suisse romande. Près de 700 ont été rapportés en seulement six mois.
"L'objectif, c'est de donner un outil pour ne pas baisser les yeux", dit la conseillère nationale élue sur le plateau du 19h30. "On récolte des données, on les étudie et on les utilise pour alerter l'opinion publique et changer les dispositions actuelles [car] la majorité des cas de harcèlement sexuels et de rue ne sont pas couverts par la loi. J'espère que le fait de donner du pouvoir supplémentaire aux victimes et libérer la parole dissuadera les auteurs."
ani avec ats