L'industrie du tabac était particulièrement visée, Philip Morris ayant mis 390'000 francs dans la construction de Plateforme 10. Un amendement au projet de loi du député Hadrien Buclin (Ensemble à Gauche et POP) proposait même d'étendre cette interdiction à d'autres entreprises, notamment celles ayant "un effet néfaste" sur l'environnement. Il a été rejeté par 83 non, contre 31 oui et 20 abstentions.
Il s'agissait selon lui, d'éviter "des contradictions avec des objectifs de santé publique ou de développement durable", mais aussi d'empêcher "un dégât d'image pour les musées eux-mêmes.
Soumise à une charte éthique
Comme lors du premier débat début novembre, ces restrictions en matière de financement ont été fermement et longuement combattues par la droite. "Si on voulait être conséquent, il faudrait alors que l'Etat de Vaud refuse les impôts de ces entreprises ?", a demandé Florence Bettschart-Narbel (PLR). Elle a estimé qu'il ne fallait pas seulement regarder "ce qui déplaît" avec ces grands groupes, mais aussi ce qu'ils apportent au canton de Vaud.
La députée a aussi souligné que la fondation Plateforme 10 était soumise à une charte éthique, ce qui permettait déjà de vérifier la provenance des fonds en matière de sponsoring et mécénat. "Ce débat n'a pas lieu d'être", a-t-elle dit.
Boîte de Pandore
Chez les socialistes également, certains membres du Grand Conseil se sont opposés aux amendements de la gauche de la gauche et des Vert'libéraux. Pour Myriam Romano-Malagrifa, active dans les milieux culturels, renoncer au sponsoring de certaines entreprises reviendrait "à se tirer une balle dans le pied." Et de demander: "si on refuse cet argent, qui va combler le manque ?" L'élue du PS a aussi relevé le danger "d'ouvrir la boîte de Pandore" et, qu'après les cigarettiers, l'interdiction pourrait s'étendre à la pharma ou à la Loterie romande.
Pour le conseiller d'Etat Pascal Broulis, "l'impôt ne peut pas tout résoudre, le mécénat et le sponsoring sont aussi utiles." Le ministre des finances a ajouté que les chartes éthiques évoluaient dans le temps et qu'il serait "malsain de se fermer des portes."
"Faire confiance à la direction"
Hadrien Buclin a ensuite défendu un autre amendement au projet de loi, visant cette fois-ci à assurer l'indépendance de Plateforme 10. La fondation ne doit accepter aucune intervention sur le contenu artistique et scientifique de ses activités, a-t-il plaidé.
La conseillère d'Etat Cesla Amarelle a répondu qu'il fallait "faire confiance au professionnalisme et à l'éthique de la direction de Plateforme 10." La ministre de la culture a expliqué que si l'amendement était accepté, l'Etat ne pourrait pas, par exemple, demander que des artistes vaudois soient exposés à Plateforme 10.
Cesla Amarelle a été entendue et l'amendement a été refusé: 73 députés ont voté contre, tandis qu'ils ont été 51 à le soutenir et 6 à s'abstenir.
Pour mémoire, la fondation de droit public Plateforme 10 chapeautera dès l'année prochaine le quartier des arts lausannois. Le Musée cantonal des beaux-arts (MCBA) a ouvert ses portes en octobre, tandis l'implantation du mudac (design) et de l'Elysée (photographie) est prévue pour 2021.
ats/ani