Le Swiss Recovery Center a vu le jour en 2017. Son fondateur, Yves Vionnet, est lui-même devenu tétraplégique en 2004 lors d’un accident de snowboard. Au terme de sa rééducation, il s'est mis en quête d'une méthode qui lui permettrait de gommer au maximum les effets secondaires de sa paralysie.
"J’ai trouvé quelques années plus tard un centre qui travaillait là-dessus à Détroit, aux Etats-Unis. La méthode m'a plu. Je l’ai importée en Suisse", a-t-il expliqué à la RTS. Le programme est baptisé SPRALT, pour "Suivi post-réhabilitation à long terme".
Exercice phare: la marche assistée
En moyenne, a souligné Yves Vionnet, une personne paralysée passe 15 heures par jour assise dans sa chaise roulante. Cette immobilité réduit les capacités physiques restantes et accentue les complications.
Afin de pallier ces effets secondaires, l’ensemble du corps est sollicité et remis en activité au Swiss Recovery Center, y compris les membres paralysés.
Divers entraînements adaptés à chaque patient.e sont proposés pour travailler la force, l'endurance et la stabilité. Etirements, boxe, barres parallèles... La marche en déambulateur, avec l'assistance de deux entraîneurs du centre, est l'exercice phare.
Tout cela permet de stimuler les différentes fonctions de l’organisme et de réactiver la coordination entre le haut et le bas du corps. La marche, en particulier, "envoie énormément d'informations à travers le corps, y compris au niveau du système nerveux central", selon le président-fondateur.
"100% une réussite"
Tous les patients et patientes interrogés par la RTS affirment avoir constaté des bienfaits, tant aux plans physique que psychique. C'est par exemple le cas de Floriane. Cette quinquagénaire atteinte de sclérose en plaques fréquente le centre depuis deux ans et demi.
"J'ai plus de mobilité avec le corps, j'ai plus confiance en moi, (...) je ne suis plus déprimée alors que je ne voyais pas tellement le bout du tunnel (...). Donc pour moi c'est 100% une réussite", a-t-elle confié avec émotion.
Les spécialistes sollicités sont également enthousiastes. Chef du Service de paraplégie de la clinique romande de réadaptation de la SUVA, à Sion, le Dr Xavier Jordan salue tout d'abord le fait que l’initiative soit venue de personnes elles-mêmes touchées.
Pour le praticien, cet entraînement en dehors du fauteuil roulant permet d’activer le système nerveux central et d’éviter au maximum des maladies telles que les troubles cardiaques, urinaires, circulatoires ou digestifs, voire les pneumonies.
Maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne, Jérôme Barral pointe pour sa part la réactivité des entraîneurs du centre. "Ils personnalisent les exercices, les ajustent au fur et à mesure de l’évolution des patients, c'est génial", a-t-il réagi.
Stabilité pas garantie
Reste que les assurances ne reconnaissent pas encore le Swiss Recovery Center, bien qu'elles entrent en matière au cas par cas. Le chantier est en cours et un postulat a été déposé aux Chambres fédérales.
Le centre, qui comprend une quinzaine d’entraîneurs, doit s’autofinancer et survit pour le moment essentiellement par le biais de dons. Il estime que sa stabilité n'est pas garantie, "compte tenu des moyens actuels (dimensions du local, matériels à disposition et ressources humaines) et du budget pour le moment réduit à son strict minimum". Désormais il se fait une priorité de trouver des soutiens financiers durables.
Sujet radio: Yves Terrani
Vidéo et adaptation web: Pauline Turuban