Le canton de Vaud innove en matière d'obstétrique. Il a mis en place un dispositif avec la maternité du CHUV pour prendre en charge les accouchements difficiles, en permettant notamment aux femmes de s'exprimer après coup sur une expérience traumatisante.
Si la naissance reste perçue comme positive pour la plupart des femmes et considérée comme un événement heureux pour la société, un nombre croissant de femmes ayant accouché au CHUV vivent l’accouchement comme traumatique, a indiqué jeudi l'établissement vaudois dans un communiqué. Ainsi, 63% de ses patientes souffrent d’un trouble de stress aigu une semaine après l’accouchement, et 21% présentent un stress post-traumatique un mois après. Les pères sont aussi concernés dans 7% des cas
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Mieux expliquer les gestes invasifs
Chaque femme passée par le CHUV se verra désormais proposer "un entretien de vécu d'accouchement", a annoncé jeudi la conseillère d'Etat et ministre de la Santé Rebecca Ruiz. Une telle pratique existe déjà, par exemple, aux HUG à Genève, mais le CHUV va encore "un cran plus loin" en proposant "systématiquement" ce genre de rendez-vous, a-t-elle avancé jeudi dans le 12h45 de la RTS. L'idée est aussi de recueillir les témoignages pour réaliser des études scientifiques sur une problématique encore peu connue. Ces entretiens serviront également pour la formation continue des médecins et des sages-femmes.
"Des gestes peuvent être ressentis comme très invasifs et très violents par les femmes, a fortiori dans cette situation d'urgence. En renforçant la communication, on peut au moins prévenir des situations d'incompréhension", a expliqué l'élue socialiste. La rencontre post-accouchement sera aussi l'occasion d'expliquer les actes effectués et, le cas échéant, de s'excuser si des choses ont été mal faites.
"Permettre aux mamans de vider leur sac"
"Nous voulons permettre aux mamans de vider leur sac", a indiqué Valentine Annen, sage-femme au CHUV. Proposés gratuitement dès le mois d'avril, ces entretiens seront menés avec une sage-femme, six semaines après l'accouchement, avec présence d'un médecin sur demande. "Si elles ont lieu trop tôt, il y a un risque de créer artificiellement un stress. Il faut aussi laisser le temps aux femmes d'utiliser leurs propres ressources" pour surmonter un éventuel accouchement difficile, a précisé Valentine Annen.
Le nouveau dispositif vaudois prévoit d'autres mesures, proposées cette fois avant l'accouchement. Quatorze vidéos sont notamment en cours de réalisation pour mieux comprendre les choix médicaux lors d'un accouchement, comme l'épisiotomie, la césarienne ou l'utilisation de forceps. Dès le deuxième semestre 2020, un "entretien de projet d'accouchement" sera aussi suggéré entre la 26e et 34e de grossesse. Il sera mené par une sage-femme et s'ajoutera aux dispositions déjà en vigueur, comme les cours de préparation à la naissance.
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ats/vic