Les questions de durabilité et de climat ont été un peu mises de côté en raison de l'urgence de la pandémie, a expliqué la libérale-radicale, qui est entrée en fonction le 18 mars. En charge du Département des institutions et du territoire, elle estime qu'il y a désormais de vraies questions à se poser en matière d'investissements.
Selon elle, il faudra notamment investir beaucoup plus massivement dans l'assainissement énergétique des bâtiments. "Il faut repenser l'économie. Je pense que quelqu'un comme monsieur Trump fait tout faux: il a déjà indiqué qu'il veut investir massivement dans le pétrole et le gaz. Or, les questions climatiques vont revenir sur le devant de la scène et l'objectif de la neutralité carbone d'ici 2050 demeure".
Mais les progrès climatiques ne pourront pas se faire contre l'économie et contre les besoins sociaux de la population, estime la conseillère d'Etat.
Contre la décroissance
Pour autant, Christelle Luisier ne veut pas entendre parler d'une décroissance économique, à l'image de la décroissance forcée provoquée par la crise sanitaire: "J'y suis totalement défavorable, car on voit que les conséquences sont dramatiques. Sans croissance, il y a moins de rentrées fiscales pour l'Etat et moins de possibilités de redistribution, notamment pour les politiques sociales".
La magistrate se réjouit des nouvelles tâches qui l'attendent: "C'est un département extrêmement intéressant. Cela fait des années que je m'intéresse aux questions d'aménagement du territoire. Elles sont à la fois techniques, mais aussi sensibles, car elles touchent toute la population, en termes de mobilité, de logement, d'environnement ou de biodiversité. Il faut trouver des équilibres et ce sont des défis passionnants".
La réalité des communes
Dans son département, Christelle Luisier est aussi responsable des relations entre le canton et les communes. "Avoir été syndique de Payerne et députée, c'est plutôt un atout, car je connais la réalité des communes, j'ai eu les mains dans le cambouis", souligne la nouvelle conseillère d'Etat.
A ses yeux, on a tout à gagner à avoir à la fois des communes fortes et un Etat fort. "Grâce à des finances saines, on a pu dégager 400 millions de francs dans le canton pour faire face à l'urgence de la pandémie", se félicite-t-elle.
Des débuts uniques dans les annales
L'élue vaudoise est également revenue sur ses débuts au gouvernement, en pleine crise du coronavirus: "C'était une entrée en fonction totalement hors-normes, je pense que ce sera unique dans les annales, avec une assermentation à huis clos. Et le même jour, directement une séance du Conseil d'Etat dédiée au coronavirus, dans un contexte d'urgence. Au lieu d'avoir le temps de faire la connaissance de mes collaborateurs, j'ai été directement dans le feu de l'action".
Interview radio: David Berger
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz