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Démissions en cascade à l'Hôpital Riviera-Chablais

Les déboires de l'hôpital Riviera-Chablais. Enquête qui démontre l'ampleur de la crise de confiance à l'interne
Les déboires de l'hôpital Riviera-Chablais. Enquête qui démontre l'ampleur de la crise de confiance à l'interne / 19h30 / 2 min. / le 20 mai 2020
L'Hôpital Riviera-Chablais, c'est un hôpital flambant neuf, fruit de la coopération entre les cantons de Vaud et du Valais. Le 19h30 de RTSinfo révèle que la directrice financière a démissionné. L'enquête démontre l'ampleur de la crise de confiance à l'interne.

Dans le centre hospitalier de Rennaz, une démission a mis tout le monde en émoi.

La directrice des finances est partie en avril. Coïncidence ou non, c'est à ce moment qu'ont été ordonnés des audits pour faire la lumière sur un déficit très élevé en 2019: 18 millions de francs.

L'hôpital vit désormais à crédit. Avec des emprunts de 80 millions dont 60 cautionnés par l'Etat de Vaud pour éviter la faillite.

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Rien de surprenant selon cet ex-médecin chef de l'hôpital. Pour lui, le feu couve depuis la création de la structure chargée de préparer la fusion des cinq hôpitaux régionaux, de Vevey à Monthey, en une seule entité: "En constatant que plus de vingt-cinq médecins chefs ont donné leur démission durant ces dix dernières années, on n'est pas trop étonné que l'hôpital aille mal", affirme Philippe Saegesser, ex-médecin chef de l'Hôpital Riviera-Chablais. "Que la perte de confiance existe. Que la perte de confiance au sein de la population et au sein des médecins traitants de la région se détériore".

Fuite de la patientèle

L'un des médecins chefs démissionnaire a accueilli RTSinfo à la clinique privée de Genolier où il est désormais employé.

Selon lui, la crise financière actuelle est liée à ces nombreuses démissions: "Ça prend un certain temps en tant que médecin pour gagner la confiance de la population. Et surtout du réseau de médecins de premier recours, des généralistes de la région", analyse Oscar Matzinger, ex-chef du service de cancérologie de l'Hôpital Riviera-Chablais. "Et les médecins qui partent prennent avec eux leur patientèle. Certaines spécialités ont pu prendre probablement 20 à 30% de la patientèle avec eux".

Le phénomène serait encore plus marqué sur la Riviera, si l'on en croit ce praticien à la retraite.

Une bonne partie des patients soignés auparavant dans les hôpitaux de Vevey et de Montreux vont à la concurrence et pas à Rennaz: "Ces deux concurrences que sont les cliniques privées de la Riviera et le CHUV font que, en gros, on a perdu entre 30 et 50% de l'activité chirurgicale déployée à Riviera qu'on ne retrouve pas à l'hôpital de Rennaz", note Philippe Saegesser.

Déroute financière et tensions

Dix-huit millions de déficit pour la première année d'exploitation. La déroute financière est annoncée fin avril.

Mais selon Philippe Vuillemin, député vaudois et président de la commission interparlementaire de contrôle de l'Hôpital Riviera-Chablais, en contact régulier avec la direction de l'hôpital, il y avait déjà des indices de tension en février: "Le 13 février, nous avons tous constaté, mais nous nous sommes dit après, parce que sur le coup cela ne nous avait pas frappé, qu'il y avait une très grande tension de la part de tous ceux de Riviera Chablais. Mais sans que l'on comprenne pourquoi".

Les dirigeants de l'hôpital et la conseillère d'Etat vaudoise Rebecca Ruiz, en charge de la santé, ne souhaitent pas s'exprimer en l'état, alors que deux audits sont en cours.

Claude-Olivier Volluz/sjaq

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