Publié

Six ans de prison ferme pour le père du bébé brutalisé et tué en 2017

Le Palais de Justice de Montbenon à Lausanne. [Keystone - Laurent Gillieron]
Six ans de prison pour le père du bébé brutalisé et tué en 2017 / Le Journal horaire / 30 sec. / le 4 juin 2020
La Cour criminelle de Lausanne a reconnu jeudi la culpabilité d'un père pour la mort de son fils de 11 mois, décédé du syndrome du bébé secoué en janvier 2017. Elle lui a infligé une peine de prison de six ans ferme, tout en acquittant la mère.

Malgré les dénégations du père, "il n'y a pas de place pour le plus petit doute" sur sa responsabilité, a affirmé le président du tribunal Pierre Bruttin. Les expertises médicales sont formelles: le nourrisson a succombé en raison de la brutalité de son père, un après-midi de janvier 2017, alors que la mère était absente.

Le président a eu des mots durs à l'encontre de ce ressortissant congolais de 35 ans, également accusé d'avoir maltraité son fils à d'autres reprises, mais aussi d'avoir ébouillanté une nonagénaire dans l'EMS dans lequel il travaillait comme aide-soignant. Son comportement a été qualifié d'"odieux". Quant à ses explications, avancées pour se dédouaner, elles ont été jugées "indignes" et "vaseuses."

Le président a aussi souligné que le prévenu n'avait pas exprimé le moindre regret, ni semblé prendre conscience de la gravité de ses actes. Il a été "cynique" et a montré "la bêtise la plus crasse" en s'en prenant à des personnes "totalement vulnérables", a déclaré Pierre Bruttin.

Expulsion de Suisse

La Cour a été toutefois moins sévère que le procureur, qui réclamait douze ans de prison ferme pour meurtre. Les juges ont en effet tenu compte d'une certaine diminution de responsabilité en raison de troubles psychiques, dus à un "passé traumatique" lorsqu'il vivait au Congo où il a notamment été torturé.

A la place du meurtre, la Cour a retenu l'homicide par négligence, en plus des lésions corporelles graves et des lésions corporelles simples qualifiées.

Le Congolais a déjà purgé une partie de sa peine, sachant qu'il a passé un peu plus de deux ans en détention provisoire. En sortant de prison, il sera expulsé du territoire suisse pour quinze ans. La Cour n'est pas entrée en matière concernant l'internement, demandé par le procureur.

Mère acquittée

A l'inverse, la mère a été presque totalement disculpée, notamment des accusations d'homicide par négligence et lésions corporelles graves. Le procureur, qui avait requis six ans de prison ferme, avait en effet estimé qu'elle était "co-auteure" des violences subies par le bébé et qu'elle avait "toléré" ce mode de vie.

Pour les juges en revanche, la mère ne pouvait pas "imaginer une scène d'une telle horreur" l'après-midi fatal où elle a laissé son fils seul avec le père. Même si la Cour n'a pas pu déterminer avec exactitude qui avait maltraité le bébé durant les semaines précédentes, elle a estimé que ces actes étaient "sans doute" du fait du père.

Concernant la mère, le tribunal n'a retenu que la violation par négligence du devoir d'assistance envers son fils. Il a toutefois renoncé à lui infliger une peine, au vu du drame qu'elle a vécu avec la mort de son enfant.

Egalement jugée pour avoir transféré des vidéos montrant des actes sexuels et de maltraitance sur des enfants, la femme a été condamnée à quinze jours-amende avec sursis.

Apprenant qu'elle était libérée des charges les plus lourdes, la mère s'est écroulée en larmes sur le sol dans la salle d'audience, avant d'être enlacée par ses proches venus la soutenir. "Le soulagement est énorme", a relevé son avocat Charles Munoz, soulignant "la grande sévérité" dont a fait preuve le Ministère public à l'égard de sa cliente.

ats/sjaq

Publié