Le pylône, qui s’est écroulé sur le bois qui jouxte l’autoroute A1 à l’entrée de la commune de Gland, fait plusieurs dizaines de mètres de haut. Il a donc fallu plusieurs kilos d’explosifs pour le faire tomber.
Selon une source proche de l’enquête, il n’y avait pas de traces de poudre noire sur les lieux du sabotage, ce qui tend à éliminer l’usage de la dynamite, explosif classique. Des analyses chimiques sont en cours pour établir quelle substance explosive a été utilisée.
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Du matériel lourd et une organisation solide
Le sabotage est de grande ampleur et il n'a pu être réalisé avec du matériel artisanal. C’est du moins ce qui ressort des manuels d’explosif. Dans le livre d’une écoterroriste française repentie des années 70-80, on trouve même des indications assez précises: il faut compter jusqu’à 30 kilos de dynamite pour abattre un pylône à très haute tension, mais on peut diviser la quantité par sept si on recourt à du plastic, explosif bien plus puissant utilisé par les militaires. Le sabotage perpétré à Gland a donc nécessité du matériel lourd et sans doute une organisation assez solide.
Pour l’heure, les enquêteurs ne livrent aucune indication sur les auteurs de ce sabotage, tant du côté de la police vaudoise que du Ministère public de la Confédération, qui a la haute main sur cette affaire puisqu'elle implique des explosifs. L’acte n’est pas revendiqué pour l’instant. Dans la région, aucun mouvement de contestation contre la ligne électrique ne s’est fait remarquer ces dernières années. Alors s’agit-il d’un geste complètement isolé ou d’un sabotage à caractère plus politique? La police n’exclut aucune hypothèse.
Acte commis par des "écoterroristes"?
Le sabotage de pylônes est connu comme un moyen de lutte dans les milieux radicalisés. Par le passé, ceux qu’on a appelé les "écoterroristes" ont fait régulièrement exploser des pylônes en lien avec des centrales nucléaires. C’était le cas du défunt militant genevois Chaim Nissim, qui avait aussi avoué être l’auteur de tirs de roquettes contre la centrale Superphénix en France en 1982. Il y a aussi l’anarchiste grison Marco Camenisch. Il a fini de purger en 2017 de longues années de prison pour le meurtre d’un douanier et des attentats à l’explosif contre des pylônes à très haute tension dans les années 80 et 90.
Mais ces dernières années, ce genre d’attaques a cessé. Le cas le plus récent dans les archives de la presse suisse remonte à 1996, avec une tentative ratée au chalumeau contre un pylône près de la centrale bernoise de Mühleberg.
Par contre, il y a actuellement une vague d’attaques contre les antennes de téléphonie mobile. Une trentaine de sabotages ont été répertoriés en France depuis le mois de mars. Deux complotistes anti-5G ont été arrêtés à fin mai en France voisine, près de Pontarlier, pour avoir incendié une antenne relais.
Ludovic Rocchi/asch