Ces professeurs se sont exprimés vendredi dernier dans les colonnes du journal Le Temps. Ils sont une dizaine, venant de différents établissements et degrés d'enseignement, à s'être réunis formellement pour parler de cette problématique.
La RTS a contacté deux d'entre eux, qui souhaitent conserver leur anonymat par peur de représailles de la part du département. Ces enseignants reprochent tout d'abord au numérique l'aspect pédagogique.
Tous les élèves ne sont pas des geeks
Selon eux, un enfant n'apprendrait pas mieux à travers une tablette. Pire, cela pourrait même lui être néfaste, sachant que les jeunes passent déjà beaucoup de temps sur des écrans. Ils estiment par ailleurs que tous les enfants d'aujourd'hui ne sont pas des geeks en puissance. S'ils ont tous des smartphones, cela ne veut pas dire qu'ils savent les utiliser correctement ou à bon escient.
Ces enseignants émettent aussi des craintes pour leur travail. Ils souhaitent rester maîtres de leurs enseignements, sans se faire imposer des outils ou des contenus pédagogiques numériques.
Moins besoin d'enseignants?
Et ils évoquent la peur d'être remplacés par la machine. Le virage numérique a un coût élevé, disent-ils, et les économies pourraient se faire sur leur dos. Si l'on se contente d'enregistrer des cours avant de les diffuser sur internet, il n'y a plus besoin d'enseignants, souligne encore l'un d'entre eux.
En l'état, ces professeurs vaudois souhaitent surtout ouvrir le débat sans se faire traiter d'incapables ou de passéistes. Ils disent ne pas être totalement opposés au numérique mais veulent être impliqués dans les décisions. Ils souhaitent également que cela n'aille pas trop vite et surtout que les outils numériques n'envahissent pas totalement leurs classes.
Soutien informel du syndicat
Cette démarche est soutenue de manière informelle par le Syndicat des enseignants romands. Contacté par la RTS, il souligne qu'il n'y a pas à proprement parler de fronde contre le numérique dans d'autres cantons à l'heure actuelle, mais que les interrogations et les inquiétudes restent nombreuses sur ces questions-là.
Virginie Gerhard/oang