Après avoir longtemps écoulé leur production en ville, sur les marchés, les producteurs ont vu débarquer de nombreux citadins ces derniers mois, surtout durant le semi-confinement, pour acquérir des produits frais.
Ainsi, comme tant d'autres en Suisse, la famille Ducret, qui exploite une ferme à quelques minutes seulement du centre de Lausanne, a décidé d’ouvrir un magasin en self service. Rapidement, les ventes de l’exploitation ont triplé.
Mais depuis lors, bon nombre de consommateurs sont repartis. "Les gens ont retrouvé leurs habitudes, un rythme de travail, un rythme scolaire aussi pour les familles. On a certainement perdu une partie de cette clientèle", confie Mireille Ducret, agricultrice et présidente de l'association des paysannes vaudoises, samedi dans le 12h45.
Une marge de progression importante
Si de nombreux producteurs ont bénéficié du semi-confinement, d’autres ont aussi rapidement déchanté. Aux jardins du Flon, par exemple, un abonnement annuel permet d’obtenir des produits frais presque chaque semaine. Mais depuis le début d’année, seuls deux clients supplémentaires se sont inscrits.
"Les gens achètent volontiers de manière ponctuelle chez les producteurs, mais ils ne sont pas prêts à s’engager pendant une année pour soutenir l’agriculture et ceux qui les ont nourris pendant le confinement", regrette l'agricultrice Dominique Gay.
Au final, les ventes sont légèrement supérieures à l’année dernière dans la plupart des exploitations. Si la vente directe continue à se démocratiser, la marge de progression reste donc importante. Seul un quart des exploitations du pays la pratiquent et les ventes représentent à peine 7% du revenu total de l’agriculture suisse.
Etre imaginatif pour fidéliser
Mireille Ducret ne se décourage toutefois pas: "Il faut être imaginatif, inventif. Essayer d’aménager des plages horaires larges. Il faut communiquer beaucoup avec les réseaux sociaux, être à l’écoute de la clientèle."
Les producteurs cherchent ainsi à développer de nouvelles méthodes de vente destinées à fidéliser ces acheteurs. Car si certains consommateurs semblent avoir déjà changé leurs habitudes d’achat, beaucoup d’autres restent à convaincre.
Romain Boisset/boi