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En plein regain d'épidémie, Vaud assouplit ses règles de quarantaine

Le canton de Vaud revoit sa pratique en matière de quarantaine liée au Covid-19
Le canton de Vaud revoit sa pratique en matière de quarantaine liée au Covid-19 / Forum / 5 min. / le 17 septembre 2020
Le canton de Vaud a adapté ses règles de quarantaine il y a une semaine. Plus besoin de s'isoler si on a été en contact avec un cas positif et qu'on ne partage pas le même foyer. Ce changement de règle interroge, alors que Vaud fait figure de canton le plus touché par les infections au Covid-19.

Le canton de Vaud a revu sa pratique en matière de mise en quarantaine. Depuis une semaine, seuls ceux qui vivent sous le même toit qu'une personne positive ou qui ont avec cette personne des relations intimes sont mis d'office en quarantaine par le médecin cantonal, a appris la RTS.

Cette directive s'appuie sur le constat que c'est le groupe avec lequel le risque de transmission du virus est le plus élevé, au vu de la proximité physique. Il s'agit également du groupe pour lequel une mise en isolement de 10 jours sera efficace pour circonscrire les infections.

Pour les autres contacts dit étroits - c'est-à-dire les personnes avec qui la distance de 1,50 mètre n'a pas été totalement respectée et avec qui on a parlé durant plus de 15 minutes - c'est désormais du cas par cas dans le canton de Vaud. Plus de quarantaine automatique, mais une discussion pour aider à faire la différence: est-ce qu'il y a eu un contact physique - une boisson partagée par exemple - ou simplement un repas pris à la même table d'un restaurant, ou une soirée passée dans un même espace?

Dialogue favorisé

Suivant les réponses, l'équipe responsable du traçage décrète ou non la quarantaine. "Dans certaines situations où les éléments sont clairs, nous allons mettre la personne en quarantaine", explique le médecin cantonal Karim Boubaker vendredi dans Forum. "Mais pour d'autres situations, nous voulons favoriser le dialogue entre la personne positive et son contact."

Celles et ceux qui sont désormais dispensés de quarantaine sont priés de s'autosurveiller et de se responsabiliser, note Karim Boubaker. En maintenant les distances de sécurité, en portant le masque quand c'est nécessaire ou obligatoire, et en allant se faire tester au moindre symptôme.

Cet assouplissement dans les directives intervient alors que le canton de Vaud connaît actuellement un nombre élevé de cas positifs, qui impliquent un nombre important d'enquêtes d'entourage. Il ne devient plus possible de tracer tout le monde et de remonter les contacts de chaque personne positive.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 :

Vaud a formellement adapté ses règles de quarantaine il y a une semaine. Ce changement de règle interroge.
Vaud a formellement adapté ses règles de quarantaine il y a une semaine. Ce changement de règle interroge. / 19h30 / 2 min. / le 17 septembre 2020

>> Lire aussi : Vaud ferme les discothèques et impose le masque au restaurant

Difficulté à recruter

Par ailleurs, le canton le reconnaît, il peine à recruter du personnel. "Dès le début, il a été difficile de recruter des personnes pour ce travail", admet Karim Boubaker. "C'est un travail exigeant, qui nécessite de passer des heures au téléphone, de la conviction, il faut entrer dans l'intimité des personnes pour leur demander avec qui elles ont eu des contacts rapprochés", décrit le médecin cantonal. "C'est difficile aussi de trouver des superviseurs. Nous avons néanmoins pu augmenter cette équipe jusqu'à 50 personnes à ce jour qui travaillent sept jours sur sept."

Autre raison de cet assouplissement: ne pas paralyser les entreprises en décrétant des quarantaines trop larges, mais viser la proportionnalité. Actuellement, 2000 personnes sont en quarantaine dans le canton, avec des incidences sur la bonne marche de l'économie.

La résistance à la quarantaine au sein de la population est une raison de plus pour concentrer les forces sur les situations où il existe un risque élevé de contamination, selon Karim Boubaker.

"On réalise, en questionnant les personnes par téléphone, qu'il n'est pas aussi simple que ça de convaincre quelqu'un que le contact est proche, et que le risque existe. Certains réagissent très bien, d'autres sont questionnantes par rapport à ces actes d'autorité", souligne le responsable.

Message brouillé

Dans les autres cantons romands, les directives pour la mise en quarantaine restent officiellement inchangées: les contacts dit étroits sont mis en quarantaine d'office. Mais les médecins cantonaux reconnaissent être à flux tendu pour réaliser les enquêtes d'entourage. Et la décision vaudoise d'assouplir les règles complique encore le message.

Un Fribourgeois qui a eu un contact avec un cas positif à Lausanne recevra la consigne de s'autosurveiller, mais comme c'est le canton de résidence qui est compétent, il devra quand même se mettre en quarantaine. De quoi semer une confusion certaine au sein de la population, en attendant une éventuelle harmonisation fédérale.

"Les médecins cantonaux appellent de leur voeux que cette question de la quarantaine soit rapidement résolue au niveau de la Confédération", précise Karim Boubaker. "Je sais que l'OFSP et la task force scientifique réfléchissent à cette question afin que la quarantaine puisse être la plus proportionnée possible et réponde aux objectifs, à savoir éviter les transmission mais aussi  éviter un reconfinement indirect de la population."

>> La réaction de Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre vaccinologie aux HUG, dans le 19h30 :

Claire-Anne Siegrist, Directrice du Centre vaccinologie HUG, à propos de la situation dans le canton de Vaud.
Claire-Anne Siegrist, Directrice du Centre vaccinologie HUG, à propos de la situation dans le canton de Vaud. / 19h30 / 1 min. / le 17 septembre 2020

Céline Fontannaz/kkub

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