Cette action a consisté en une occupation de la succursale de Credit Suisse à Lausanne en novembre 2018. Déguisés en Roger Federer, l'ambassadeur de la banque, ils avaient singé une partie de tennis pour dénoncer les investissements du géant bancaire dans les énergies fossiles.
"Notre objectif était d'attirer l'attention du public sur les investissements destructeurs du Credit Suisse", a expliqué l'une des prévenues. Elle a ajouté que les militants de Lausanne Action Climat avaient refusé de quitter les lieux et d'obtempérer à la police pour donner plus d'impact médiatique à leur opération.
Peur du futur
Interrogée sur le bien-fondé d'une telle action, une autre prévenue a affirmé qu'elle avait "épuisé tous les moyens légaux" avant de s'en remettre à la désobéissance civile. Quant à l'engagement politique, tous les accusés ont affirmé que cette voie était trop lente et inefficace pour lutter contre l'urgence climatique.
Les onze jeunes – le douzième accusé était absent mardi pour cause de quarantaine liée au Covid-19 – ont aussi insisté sur leur angoisse du futur. Plusieurs d'entre eux ont par exemple raconté qu'ils ne souhaitaient pas avoir d'enfant: "Je ne veux pas prendre cette responsabilité morale", a confié un prévenu.
Etat de nécessité
Contrairement au procès de première instance en janvier (lire encadré), le Ministère public vaudois, représenté par le procureur général Eric Cottier, et le Credit Suisse participent cette fois-ci aux débats. Relativement discrets pendant les interrogatoires mardi matin, ils interviendront durant l'après-midi.
Cela sera aussi le cas des douze avocats de la défense. Comme en première instance, ils vont plaider l'état de nécessité, une disposition du Code pénal qui justifie une action illégale sous certaines conditions.
Pour appuyer leur plaidoirie, ils avaient demandé l'audition de deux témoins, un climatologue et une spécialiste de la finance durable, mais la Cour a rejeté leur requête.
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Huis clos maintenu
Le tribunal a également refusé mardi matin d'ouvrir ce procès au public, comme le souhaitait la défense. L'audience se déroule en effet en huis clos partiel, en présence des médias mais pas du public en raison de la crise sanitaire.
Malgré cela, les jeunes activistes ont reçu mardi matin le soutien d'une petite centaine de sympathisants à leur arrivée au tribunal. Ils ont eu droit à une haie d'honneur et des applaudissements lorsqu'ils sont entrés dans le bâtiment.
ats/sjaq
Un premier jugement à grand retentissement
En première instance et à la surprise générale, le Tribunal d'arrondissement de Lausanne avait acquitté les douze jeunes gens. Le juge a conclu qu'ils avaient agi en état de nécessité, une disposition du Code pénal qui justifie une action illégale sous certaines conditions.
Prononcé le 13 janvier dernier, ce jugement a connu un écho retentissant: il a été le premier en Suisse, et l'un des rares dans le monde, à reconnaître l'état de nécessité en matière de réchauffement climatique.