Situées respectivement sur les sites des Echatelards et de la Vernette, ces décharges doivent recevoir des matériaux de type D (scories issues des usines d'incinération) et E (terres polluées). Ces deux projets, présentés en 2016, ont suscité plus de 2000 oppositions.
L'Etat de Vaud a décidé d'en tenir compte, tout en ajoutant de nouveaux éléments. Il mise désormais sur une "gestion responsable des déchets", a expliqué jeudi devant la presse la conseillère d'Etat Béatrice Métraux. "On trie mieux en amont pour avoir moins de scories", a résumé la ministre en charge de l'environnement. Elle a précisé qu'un travail serait aussi effectué "en aval" pour mieux valoriser les déchets et limiter leur volume.
Selon Béatrice Métraux, cette gestion plus stricte des déchets doit permettre "un redimensionnement vers le bas" par rapport à ce qui avait été prévu en 2016 pour les Echatelars et à la Vernette.
Collaboration intercantonale
Autre nouveauté par rapport à la mouture de 2016, le Plan cantonal de gestion des déchets (PGD) précise la collaboration avec les autres cantons. La capacité pour cette entraide cantonale a été fixée à 40% des besoins vaudois.
Béatrice Métraux a rappelé que, jusqu'ici, le canton de Vaud a passablement profité de l'aide des autres cantons. N'ayant pas de décharge de type E, elle envoie ce type de matériaux sur Fribourg et Berne. "On ne peut pas éternellement aller chez nos voisins", a-t-elle reconnu.
Concernant les deux décharges vaudoises de type D actuellement utilisées à Ollon et Valeyres-sous-Montagny, la ministre écologiste a rappelé que leurs capacités seraient épuisées à l'horizon 2023/2024. "Il faut gérer cette pénurie", a insisté Béatrice Métraux.
Sujet conflictuel
Sa collègue Christelle Luisier, en charge des institutions et du territoire, a relevé que la thématique des décharges était "très sensible" et "de nature conflictuelle". Elle a reconnu que le nouveau projet, même "optimisé", allait à nouveau soulever de nombreuses oppositions.
Pour y faire face, Christelle Luisier a dit que le canton allait mener un "important travail" d'information, notamment en mettant en avant "l'intérêt général" que représentent ces décharges.
Opposition en vue
La commune de Daillens a d'ores et déjà annoncé qu'elle s'opposerait au nouveau projet, a indiqué le municipal en charge du dossier, Alberto Mocchi, contacté par Keystone-ATS. Selon le village du Gros-de-Vaud, le canton "prend le problème à l'envers" en partant du postulat qu'il faut deux nouvelles décharges, ce qui ne correspond pas forcément aux réels besoins.
S'il reconnaît que chaque commune doit faire un effort, M. Mocchi a relevé que sa région a "déjà fait sa part" en matière de déchets spéciaux, elle qui abrite notamment l'entreprise Cridec. Il a par ailleurs ajouté qu'il manquait toujours "des garanties pour préserver la santé et la qualité de vie" des habitants de la région.
Egalement président des Verts vaudois, Alberto Mocchi a reconnu la volonté du canton de réduire la quantité de déchets en amont. "Mais on aimerait avoir quelque chose de concret, des objectifs chiffrés", a-t-il souligné.
Enquête publique au printemps
Selon le calendrier du canton, il est prévu de finaliser le Plan d'affectation cantonal (PAC) avec les entreprises concernées d'ici mai prochain. Le nouveau projet sera ensuite soumis à l'enquête publique.
Une approbation finale du canton pourrait intervenir durant le deuxième semestre 2021 après le traitement des oppositions. Un retard d'un ou deux ans est toutefois envisageable si des recours vont jusqu'au Tribunal fédéral, a estimé Christelle Luisier.
La ministre PLR a précisé que toute la procédure était désormais traitée par le canton, et que les communes n'avaient plus à intervenir. "L'Etat mène et maîtrise l'ensemble du processus. Cela sera plus simple et permettra un gain de temps", a-t-elle dit.
ats/jfe