La campagne des élections communales de 2020 a un goût particulier. Les candidats évitent les serrages de mains et les bains de foule, mais ils sont tout de même présents physiquement là où c'est encore possible, au marché ou dans la rue, par exemple, mais sans effrayer l'électeur. Ou ils préfèrent les boîtes au lettres, les téléphones ou les réseaux sociaux.
En temps de coronavirus, il faut donc se réinventer pour exister. Dans ce contexte, les figures connues et les sortants pourraient tirer leur épingle du jeu. "Le risque est d'avoir une confirmation des personnes qui sont en vue et peu de chance pour de nouveaux venus de s'imposer à part s'ils bénéficient de réseaux particuliers et intenses", explique le politologue à l’Université de Lausanne René Knüsel dans La Matinale.
La présidente du Parti socialiste vaudois Jessica Jaccoud partage cette analyse. Selon elle, bénéficier d'un solide réseau personnel et professionnel sera déterminant. "L'électeur n'a pas beaucoup d'autres sources d'information que celle qu'il connaît. C'est-à-dire les gens qu'il a l'occasion de voir, qu'il a déjà vu et les sortants", analyse René Knüsel.
Le retour de "dinosaures"
Certains "dinosaures" de la politique profitent de ces élections communales pour revenir dans la course. Pour le politologue, voir d'anciens poids lourds revenir soulève le problème de la relève politique: "S'ils sont réélus, c'est qu'il y a une vacance de personnalités sur le terrain politique. (...) Quand on a de fortes personnalités, cela décourage la relève."
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Philippe Miauton, président du PLR Lausanne, estime que la pandémie va confirmer qu'une campagne se prépare longtemps à l'avance, surtout pour les nouveaux venus. Le politologue de l'Université de Lausanne partage cet avis: "Les campagnes se jouent sur le long terme et pas dans les quelques semaines qui précèdent une élection. La pandémie est peut-être une occasion de se poser des questions: Comment s'organise une campagne? Comment recrutons-nous? La crise aura au moins l'avantage de mettre en avant la difficulté de la relève."
Investir la toile
La pandémie force les partis politiques à se rendre principalement sur les réseaux sociaux pour faire campagne. Certains candidats pourraient "créer la surprise", selon le politologue, à condition qu'ils maîtrisent les outils, et ainsi "niveler la prime au sortant".
Malgré des contacts extrêmement restreints, la démocratie n'est pas pénalisée, selon René Knüsel: "Les débats ont lieu, en particulier autour de certains stands sur les marchés. Nous avons quand même des bouts de démocratie à travers, par exemple, des échanges téléphoniques. Il est tout de même possible de faire passer le message." Pour lui, les droits politiques "s'exercent juste sous d'autres formes".
Si la campagne est particulière, René Knüsel ne s'attend au final "pas à de grands changements politiques". "Nous aurons plutôt la confirmation d'un certains nombres de tendances et d'équilibres. Mais il pourrait surtout y avoir quelques surprises localement."
Propos recueillis par Benjamin Luis
Adaptation web: Valentin Jordil