Réunis jeudi matin à Lausanne en conférence de presse, leurs représentants ‒ des députés au Grand Conseil, des conseillers municipaux et communaux, essentiellement de la gauche et de la gauche radicale, mais avec quelques Verts'libéraux ‒ affichent leur soutien au combat des militants de la ZAD du Mormont. Ces derniers s'opposent depuis bientôt 6 mois à l'extension de la carrière de ciment de l'entreprise Holcim, entre La Sarraz et Eclépens.
Dans une lettre ouverte, ces élus ont interpellé le Gouvernement vaudois et demandent aux autorités de rencontrer les militants. L'évacuation policière n'est, selon eux, pas une réponse adéquate à ce qu'ils qualifient de démarche citoyenne. La justice, elle, a donné aux zadistes jusqu'à la fin du mois pour quitter la colline.
Soutien à la décroissance réclamé
Les politiciens et politiciennes demandent surtout au Conseil d'Etat d'étudier avec plus d'attention le cas du Mormont, sous l'angle de la biodiversité, de la protection du climat et du paysage. Et donc de ne plus délivrer d'autorisations d'exploiter, afin de stopper l'extension de la carrière d'Holcim.
En guise d'alternative au ciment produit sur le site, ils évoquent la possibilité d'un soutien aux filières du bois, de la paille et du béton recyclé, et plus largement, réclament un soutien de la décroissance.
Initiative populaire évoquée
Pour ramener le sujet au cœur du débat politique, ils préparent une motion en vue de la séance du Grand Conseil mardi prochain, qui sera portée par les Verts et Ensemble à Gauche. Les autres groupes doivent encore se positionner.
Député du groupe Ensemble à Gauche et POP, Hadrien Buclin a signé la lettre. Mardi prochain il déposera une motion de soutien au Grand conseil:
Le débat lié à l'extension de la carrière pourrait même dépasser le Parlement. Ainsi, l'idée d'une initiative populaire a été évoquée pour remettre l'avenir du Mormont entre les mains du peuple vaudois.
Sujet radio: Julie Rausis
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Jacques Dubochet appelle à une évacuation pacifiste
Le prix Nobel de chimie Jacques Dubochet s'est dit "inquiet" de la future confrontation entre les forces de l'ordre et les zadistes, qui occupent la colline du Mormont depuis octobre en résistance à l'extension de la carrière du cimentier Holcim (lire ci-dessus).
Sachant que les militants seront sans doute délogés par la force, il faudra "un engagement sans failles dans la non-violence des deux côtés", a-t-il affirmé vendredi lors d'une conférence de presse à Lausanne.
"Nous ne sommes pas des zadistes, ni leur porte-parole. Ne ne pouvons que les inciter à ne pas tomber dans le piège de la violence, même si cela les démange", a ajouté le philosophe Dominique Bourg, lui aussi membre du comité de l'association des Orchidées du Mormont, fondée pour apporter un cadre légal à la défense de la première ZAD de Suisse.
Rôle de médiateur
L'autre souhait de l'association porte sur l'ouverture d'un dialogue avec le canton de Vaud, avant que l'évacuation ne soit ordonnée. "Nous avons servi de médiateurs pour ouvrir des discussions", a expliqué Jacques Dubochet. Les zadistes devraient ainsi rencontrer prochainement Béatrice Métraux, la conseillère d'Etat en charge de l'environnement et de la sécurité.
"Il faut ouvrir le débat démocratique", a souligné Dominique Bourg. Il s'est ainsi réjoui de la démarche d'une centaine d'élus vaudois qui, jeudi, ont lancé un appel au Conseil d'Etat à ne pas procéder à l'évacuation du Mormont avant tout dialogue. "Le conflit commence enfin à être pris en compte par le monde politique", a-t-il relevé.