Les policiers, en tenue anti-émeute, sont arrivés à 7h30 au pied de la colline. Ils ont progressé dans le camp au cours de la journée, détruisant les différentes barricades à la tronçonneuse et à la pelleteuse. Environ 150 policiers étaient présents dans la ZAD au moment de vider la ferme et ses quelques 200 occupants, avec des véhicules d'intervention munis de lances à eaux.
Des échauffourées ont eu lieu, les zadistes lançant des pierres, de la peinture, des oeufs et des fumigènes sur la police, qui a répliqué par quelques tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes, mais les esprits se sont ensuite calmés. Un blessé léger a été signalé du côté de la police, et apparemment aucun chez les militants.
Les forces de l'ordre ont ensuite poussé la foule jusqu'à la gare de La Sarraz où les zadistes ont été embarqués à bord d'un train pour Lausanne. Il a fallu une vingtaine de minutes pour que le train puisse partir, les personnes à bord utilisant le frein d'urgence pour l'en empêcher. La police a finalement dû monter pour assurer la sécurité, a constaté une journaliste de la RTS sur place.
Des zadistes les plus radicaux, qui ont refusé de quitter les lieux, se sont réfugiés sur le toit de la maison qui leur servait de quartier général et dans des arbres des alentours. La police les a petit à petit délogés grâce à un camion-nacelle, mais il en restait une dizaine mardi soir. Des dizaines de tentes abandonnées s'étalent sur la colline du Mormont, ainsi que des banderoles et de nombreux déchets.
41 arrestations
Si la police a reconnu que la situation restait "mouvante", elle s'est félicitée d'une opération qui s'est majoritairement déroulée dans le calme. Au total, 41 personnes ont été interpellées et les contrôles sont en cours. Trente-huit autres ont pu partir et ont été accompagnées à la gare.
"C'était une intervention de très grande envergure, menée dans un souci permanent de préserver l'intégrité physique des activistes", a commenté le commandant de la police cantonale, Jacques Antenen. Il s'est réjoui d'une opération menée "sans incident majeur", malgré "les actions insensées" d'une "minorité" de zadistes.
"La situation est très anxiogène. Mais nous voulons tenir le plus longtemps. Plus nous résisterons, et plus nous pourrons dénoncer la violence engendrée par Holcim", a réagi une zadiste, peu avant son évacuation.
Des observateurs étaient également sur les lieux, mandatés par le gouvernement vaudois. Parmi eux, l'ancien conseiller Philippe Biéler. "C'est une mission indépendante, nous sommes là pour observer et tenter de pacifier les choses", a-t-il déclaré.
Après des actions en justice
L'alerte a été donnée peu après 6h00 dans le camp des zadistes sur la colline du Mormont, au-dessus de La Sarraz et d'Eclépens. Des barrages, déviations et fouilles ont été mis en place à l'entrée des deux villages pour limiter leur accès.
Tant Holcim que la commune de La Sarraz avaient entrepris des actions en justice pour chasser les activistes. Ceux-ci ont tenté de faire recours, mais sans succès, ouvrant la voie à une expulsion dès le 30 mars.
Sachant que leur départ forcé approchait, les occupants de la ZAD (pour zone à défendre) ont appelé ces derniers jours le maximum de personnes à les rejoindre. Pour compliquer la tâche de la police, ils ont aussi accéléré les constructions de défense, barricades, hamacs suspendus et autres cabanes dans les arbres.
L'association des Orchidées du Mormont de Jacques Dubochet s'est dit "inquiète" de la confrontation entre zadistes et policiers. Le prix Nobel de chimie a exhorté à "un engagement sans failles dans la non-violence des deux côtés."
Soutiens citoyens et politiques
Les soutiens hors de la ZAD se sont multipliés ces derniers jours, à l'image de la manifestation qui a réuni des centaines de personnes vendredi à Lausanne.
>> Lire : Manifestation de soutien aux militants de la ZAD du Mormont à Lausanne
Le monde politique s'est également mobilisé: une motion a été déposée au Grand Conseil et une lettre ouverte signée par près de 130 élus a été adressée au gouvernement vaudois.
La conseillère d'Etat Béatrice Métraux, en charge de l'Environnement et de la Sécurité, a rencontré la semaine dernière une délégation de zadistes mais rien n'a filtré de leurs discussions. Elle aussi discuté ce mardi avec Jacques Dubochet et le directeur d'Holcim.
Cette première ZAD de Suisse avait vu le jour le 17 octobre dernier sur la colline du Mormont. Les militants se sont précisément installés sur le plateau de la Birette, où Holcim souhaite étendre sa carrière. Le projet reste toutefois suspendu à un recours au Tribunal fédéral.
oang avec ats