Il ne reste plus rien de la villa occupée par les zadistes qui luttaient contre l’extension de la carrière sur la colline du Mormont. Le groupe Holcim a profité du week-end pascal pour tout raser, alors même que deux activistes étaient encore perchés dans les arbres.
Les défenseurs du site naturel se disent choqués par l'opération. "La façon dont cela a été fait avec les machines, ils ont fait plus de dégâts que les zadistes sur le terrain, déplore Mary Monnier, membre de l'Association pour la sauvegarde du Mormont. Les activistes avaient protégé chacune des orchidées et tout cela a été détruit."
Pas d'autorisation
Pourtant, Holcim n’avait pas l’autorisation de démolir la maison et aucune procédure n’était en cours, alors même que la destruction d'un bâtiment comme celui du Mormont, situé hors zone à bâtir, requiert une autorisation cantonale.
Pour le syndic de la Sarraz Daniel Develey, il s'agit de l'épilogue d’une longue histoire d'illégalité. "Cette maison a été construite illégalement dans les années 60, occupée illégalement par les zadistes et maintenant c'est un retour au point de départ", déclare-t-il. La commune va toutefois demander un rapport au cimentier, propriétaire des lieux, afin de clarifier dans quelles conditions s’est faite la démolition.
De son côté, l'entreprise avance l'urgence de la situation. D'après elle, la maison n'était plus habitable et il fallait la démolir pour assurer la sécurité des lieux. "Cette propriété avait été déclarée insalubre par les autorités, explique le porte-parole d'Holcim Arthur Got. La démolition devait être conduite dans les plus brefs délais pour des raisons de sécurité."
Répercussions peu contraignantes
Il reviendra au canton de Vaud de trancher. "Il ne s'agit pas d'une faute d'une extrême gravité mais nous aurions pu nous attendre à ce qu'une entreprise de la taille d'Holcim fasse les choses en bonne et due forme", estime Pierre Imhof de la Direction du territoire et du logement (DGTL) vaudois.
Une instruction du dossier vient d'être lancée par la DGTL et est actuellement en cours. Selon son porte-parole Patrick Genoud, "il n'est pas possible pour le moment d'en déterminer l'issue". Le cimentier Holcim ne risque cependant qu'une éventuelle amende pour ne pas avoir respecté la procédure.
Sujet TV Patrick Le Fort et Jessica Renaud
Adaptation web: iar avec ats
Bilan pénal
Le procureur général Eric Cottier a confirmé qu'une soixantaine de personnes ont fait l'objet de poursuites après l'évacuation de la ZAD, mais que seule une quinzaine d'entre elles ont décliné leur identité. La police a rédigé un descriptif de ces personnes et a pris des photographies, ainsi que leurs empreintes digitales.
Celles-ci ont été condamnées par ordonnance pénale contre x, souvent à deux ou trois mois de prison ferme, voire à des jours-amende ainsi qu'à des amendes. Selon les zadistes du collectif des Orchidées, le total s'élèverait à un peu plus de 40'000 francs. Les infractions retenues sont la violation de domicile, l'empêchement d'accomplir un acte officiel et l'insoumission à une décision de l'autorité.
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