Dans l'enseignement obligatoire, quasiment toutes les écoles ont entamé le processus et les trois quarts bénéficient désormais d'une équipe formée à la MPP, a indiqué lundi devant la presse Cesla Amarelle, la conseillère d'Etat en charge de la formation et de la jeunesse. Pour le post-obligatoire, qui s'y est mis plus tard, c'est environ la moitié des écoles qui sont formées.
Cette méthode, développée par le psychologue estonien Anatol Pikas et menée en parallèle à la prise en charge de la victime, part d'un principe: le harcèlement vient davantage d'une pression du groupe que d'une véritable volonté de nuire.
L'idée consiste alors à mener des entretiens individuels avec tous les élèves impliqués, y compris ceux qui ne sont que témoin, afin de "briser l'effet de groupe", a expliqué Jennifer Lugon, cheffe de projet en matière de prévention en milieu scolaire.
Plateforme romande
Sa collègue Sonia Lucia a ajouté que la MPP se voulait aussi "non blâmante". Une sanction peut être contre-productive et entraîner des représailles. "Il faut aussi donner une chance aux élèves d'apprendre de leurs erreurs et de modifier leur comportement", a-t-elle dit.
Selon elle, ce sont surtout les parents qui réclament des punitions. "Les élèves-cibles veulent surtout que cela s'arrête et que cela n'empire pas", a-t-elle remarqué. La MPP permet aussi d'intervenir dans les cas de cyberharcèlement, sachant qu'ils sont nombreux à démarrer dans le cadre scolaire.
La méthode de la préoccupation partagée s'ancre petit à petit au sein des établissements
Initiée à partir de 2017 dans les écoles vaudoises, la MPP "s'ancre petit à petit au sein des établissements", a poursuivi Cesla Amarelle. Et apparemment avec succès: selon une évaluation menée par le canton, 88% des situations traitées avec cette méthode se sont améliorées.
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La MPP se déploie également dans d'autres cantons romands. Une plateforme a été mise en place pour permettre d'échanger des expériences et offrir des formations.
ats/vajo
Le harcèlement concerne 10% des élèves vaudois de 15 ans
Selon les dernières études, 10% des élèves vaudois de 15 ans sont touchés par le harcèlement au moins une fois par semaine, sans compter les cas de cyberharcèlement. Les filles sont davantage affectées que les garçons. Le risque est surtout plus élevé chez les élèves dont l'orientation sexuelle est autre, ou présumée autre, que l'hétérosexualité. Aucune différence ne ressort en revanche entre les écoles en milieu urbain ou rural.
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A noter finalement que les responsables vaudois de la prévention portent un soin particulier à la terminologie, préférant par exemple "élève-cible" à "victime" et "intimidateur" à "harceleur". Ils souhaitent ainsi souligner qu'il s'agit bien de cas entre les élèves, et non pas de situations de harcèlement sexuel ou de la part d'adultes.