Le débat a opposé deux fronts bien distincts: la gauche a estimé que la mesure pouvait booster la participation des jeunes, à droite on craignait de dissocier le droit de vote et d'éligibilité d'une part, les droits civiques et politiques d'autre part. Le deuxième camp l'a finalement emporté par 71 voix contre 70 et 3 abstentions.
Discernement suffisant
"A 16 ans, un jeune a un discernement suffisant pour s'exprimer sur un tas de sujets", a déclaré Jean Tschopp (PS). En fin de scolarité obligatoire, il suit des cours sur la citoyenneté. Pourquoi lui dire d'attendre ses 18 ans avant de faire usage du droit de vote?
Cet abaissement permettra de vivifier la démocratie. "Plus la base électorale est large, plus la démocratie est vivante et forte", a plaidé Raphaël Mahaim (Verts). "En 2035, la moitié des votants de ce pays aura plus de 60 ans. Le droit de vote doit permettre aux jeunes de s'impliquer plus, plus vite", a renchéri Monique Ryf (PS).
Pas brûler les étapes
Ces arguments n'ont pas convaincu une petite majorité du plénum. "Pourquoi brûler les étapes?", se sont demandé plusieurs députés. Aujourd'hui, il existe beaucoup de possibilités pour les jeunes de s'engager, dans les parlements de jeunes ou sur le plan associatif.
"Il faut refuser cette fausse bonne idée", a expliqué Grégory Devaud (PLR). "Le droit de vote et d'éligibilité constituent un tout, ils sont indissociables", a-t-il ajouté.
Avoir le droit de vote mais ne pas pouvoir voter pour un jeune de son âge: "Pas sûr que cela motive les jeunes de devenir des citoyens à demi", a ajouté Marc-Olivier Buffat (PLR).
ats/ebz
Un projet de loi fédérale en cours d'élaboration
L'idée pourrait revenir sur la table par le biais de démarches fédérales. Suite à l'acceptation d'une initiative parlementaire par une commission du Conseil des Etats, un projet de loi va être élaboré. Le peuple et les cantons devraient ensuite s'exprimer sur le sujet, vu qu'il s'agit d'un changement de la Constitution.
Au niveau cantonal, seul Glaris accorde pour l'instant le droit de vote à 16 ans. En février, le Parlement uranais a approuvé une modification de la Constitution en faveur de l'abaissement de cet âge. Des projets sont en discussion dans plusieurs cantons, dont Genève, le Valais, Berne et Zurich.