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Crispations entre les socialistes et les Vert.e.s dans le canton de Vaud

L'alliance entre le parti socialiste et les Vert.e.s connaît quelques tensions dans le canton de Vaud. [Parti socialiste/Les Vert.e.s]
Tension dans la gauche vaudoise, entre le PS en perte de vitesse et les Verts portés par la vague / La Matinale / 3 min. / le 20 mai 2021
Les récents couacs de l'alliance rose-verte dans le canton de Vaud créent de la tension entre un Parti socialiste en perte de vitesse et des écologistes portés par la vague verte. Pas de quoi rassurer à moins d'une année des élections cantonales.

On avait déjà pu constater une certaine tension entre les socialistes et les Vert.e.s lors des élections fédérales en 2019, elle s'est cristallisée dimanche dernier à Epalinges avec la perte de la syndicature.

Alain Monod (PLR) a déboulonné Maurice Mischler (Vert.e.s), syndic depuis 2011. Le député écologiste, qui ne s'était pas présenté au premier tour, s'est remis dans la course après que la socialiste Brigitte Crottaz n'a pas réussi à décrocher la syndicature du premier coup dans un duel qui l'opposait au PLR. Une décision qui a été vécue comme une trahison par les socialistes qui ont donc préféré retirer la candidature de Brigitte Crottaz pour ne pas diviser les voix de gauche dans ce deuxième tour.

"Ca a vraiment été dur pour moi et pour toute ma section qui avait oeuvré dans une campagne qui était commune entre les roses et les Verts", expliquait Brigitte Crottaz mercredi dans La Matinale. "Tout s'était très bien passé et tout d'un coup, il y a eu un revirement de situation totalement inattendu. Après le premier tour, c'était vraiment un choc pour tout le monde".

Des cas isolés selon les directions des deux partis

Et même si la socialiste d'Epalinges indique que depuis les deux partis se sont réconciliés, il y a eu - à Prilly ou à Lausanne par exemple -  d'autres ratés dans l'alliance PS-Vert.e.s. Selon les directions des deux partis, ce ne sont là que des cas isolés.

"Comme dans toute alliance, il peut arriver qu'il y ait, à l'échelle locale, des petites frictions", indique à la RTS Alberto Mocchi, président des Verte.s vaudois.es. "Mais ce qui unit le Parti socialiste et les Vert.e.s, que ça soit en terme de programme ou d'objectifs pour le Canton de Vaud, est beaucoup plus fort que ce qui pourrait éventuellement les diviser. Je suis certain que l'alliance rose-verte va se poursuivre et se renforcer ces prochaines années."

Quelle stratégie pour les élections au Conseil d'Etat?

Les élections communales terminées, il est déjà temps de penser aux élections cantonales qui se tiendront en 2022. De quoi s'inquiéter à gauche? Officiellement non, mais hors micro, certains socialistes proclament que "les Vert.e.s ne sont pas fiables", et la crispation se fait de plus en plus forte lorsqu'on évoque le renouvellement du Conseil d'Etat vaudois composé actuellement d'une majorité de gauche avec trois socialistes et une Verte.

Chez les Vert.e.s, partir avec non pas un mais deux candidats, et le faire peut-être en solo, est plus qu'une tentation. Mais ce n'est pas le scénario imaginé par leurs alliés qui misent plutôt sur un statu quo. "Nous souhaitons faire une alliance avec les Vert.e.s, mais nous attendons encore de connaître leur stratégie", souligne la présidente du PS vaudois Jessica Jaccoud. "Pour l'instant, nous privilégions une alliance qui reconduirait la formule 3+1, mais nous ne fermons aucune porte."

Les stratégies des Vert.e.s et du PS ne seraient donc pas forcément conciliables. Mais d'ici 2022, les tensions peuvent s'apaiser et le traumatisme de l'élection au Conseil des Etats de l'écologiste Adèle Thorens et non de sa colistière socialiste Ada Marra en 2019 sera de l'histoire ancienne.

>> A voir: un sujet sur l'histoire de l'échec du PS vaudois lors des élections au Conseil des Etats en 2019 :

Patrick Le Fort : "L'histoire de l'échec du PS vaudois commence il y a une année, avec l'affaire Savary."
Patrick Le Fort : "L'histoire de l'échec du PS vaudois commence il y a une année, avec l'affaire Savary." / 19h30 / 1 min. / le 10 novembre 2019

Les Vert.e.s veulent sortir de l'ombre du PS

Il reste néanmoins les fondamentaux. La base des Vert.e.s, et notamment des jeunes, grisée par les succès récents, pousse la direction à sortir de l'ombre de ce cousin, symbole de la vieille politique que représente le Parti socialiste.

"Les tensions existent, on le sent sur des projets", analyse René Knüsel, politologue à l'Université de Lausanne. "Prenons par exemple le revenu de base inconditionnel. On avait du côté des Vert.e.s une très forte compréhension alors que chez les socialistes, et surtout chez les syndicalistes, c'était une idée que l'on ne voulait absolument pas partager. Il s'agit là de questions tout à fait fondamentales et autour desquelles il pourrait y avoir de fortes animosités."

Dans la famille de gauche, on sait désormais comment arriver au pouvoir, il faut encore le partager. Et trancher entre consumérisme et décroissance, entre "bobos individualistes" et "socialos productivistes bloqués dans les Trente Glorieuses". Parce que c'est comme ça qu'ils se voient.

Entre Parti socialiste et Vert.e.s dans le canton de Vaud et ailleurs, tout n'est donc pas réglé.

Xavier Alonso/aq

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