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Le Grand conseil vaudois pourrait décider de l’avenir politique de Pascal Broulis et Philippe Leuba

Le texte amedndé par la gauche pourrait empêcher un nouveau mandat de Pascal Broulis et Philippe Leuba. [Keystone - Laurent Gilliéron]
Une loi vaudoise limitant les mandats politiques pourrait mettre le PLR dans l'embarras / La Matinale / 1 min. / le 16 juillet 2021
La révision de la loi vaudoise sur l'exercice des droits politiques veut introduire la limitation à trois mandats des élus cantonaux. Cette révision empêcherait plus d'une vingtaine de députés et députées de se représenter en 2022, y compris les deux conseillers d'Etat PLR.

Prioritaire, la loi sera débattue à la rentrée au législatif vaudois, pour une entrée en vigueur potentielle en janvier 2022. Elle serait donc applicable dès les élections cantonales de mars 2022.

Or, en plus des nombreux députés et députées du Grand Conseil qui ne pourraient plus se présenter, cette réforme concerne en premier lieu deux conseillers d'État PLR en fonction, Pascal Broulis et Philippe Leuba. Et ces deux ministres, élus en 2002 et 2007, alimentent un véritable malaise au sein du PLR.

Le texte présenté en février par le gouvernement a été amendé par la gauche lors des travaux en commission. Et ainsi, le texte final qui sera présenté fin août prévoit la limitation à trois mandats pour les députés et les députées, mais aussi pour les ministres. Comme c'est déjà le cas, entre autres, dans les cantons de Fribourg et du Jura.

Et si tout peut encore arriver lors des débats parlementaires, la réforme est sur les rails. La limitation à trois mandats est déjà inscrite dans les statuts du Parti socialiste depuis une dizaine d'années, et dans ceux des Verts depuis avril 2021.

Le grand écart annoncé du PLR

Le comité central de l'UDC, sous l'impulsion de sa section jeune, y est également favorable, et la proposera lors d'un Congrès l'année prochaine. Or, avec ces trois partis, le compte est déjà théoriquement bon pour sceller le sort de Pascal Broulis et Philippe Leuba.

Le PLR lui-même n'est pas insensible à l'idée d'introduire une limitation à trois mandats. Le comité directeur y est favorable, tandis que la base du parti est partagée. Pas certain donc que les deux tiers des délégués suivent leur direction lors du Congrès de septembre.

Dans les prochains mois, la direction du parti sera donc forcée d'adopter une position contradictoire sur deux fronts distincts. D'une part, s'opposer à cette limitation au Grand Conseil au nom de l'anti-étatisme, et sans doute pour protéger ses deux ministres sortants. De l'autre, la vendre au sein du parti, car gage d'un renouvellement jeune et féminin que tout le monde espère mais qui tarde encore à se réaliser.

Xavier Alonso/jop

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Déjà plusieurs prétendants pour remplacer Pascal Broulis et Philippe Leuba

Alors que Christelle Luisier a déjà fait part de sa volonté de se représenter, ses collègues PLR Pascal Broulis et Philippe Leuba, qui termineront respectivement leurs 4e et 3e mandats ne l'ont pas encore fait et ont jusqu'au 20 août pour se prononcer.

>> Lire aussi : Christelle Luisier est candidate à sa réélection au Conseil d'Etat vaudois

Mais le Grand Conseil vaudois pourrait limiter à trois le nombre de mandats pour les conseillers d'Etat (lire ci-dessus). La disposition légale réglerait ainsi la question d'une candidature de Pascal Broulis et de Philippe Leuba aux élections cantonales de mars 2022.

Et les prétendants à la candidature pour la liste PLR ne manquent pas. Des "outsiders", notamment le député et ancien médaillé olympique de judo Sergei Aschwanden, dont le nom circule depuis un moment, vont se déclarer publiquement avant le 20 août, a appris la RTS. Le municipal lausannois Pierre-Antoine Hildbrand, 45 ans, coche également plusieurs cases des souhaits de renouvellement du PLR.

Un ticket avec deux femmes?

Parmi les femmes, le nom de la conseillère nationale Isabelle Moret revient souvent. Ses chances sont réelles. D'ailleurs, dans une interview récente publiée dans 24 heures, Christelle Luisier déclarait qu'un ticket avec deux femmes "n'est pas tabou".

Autre personne qui fait figure de favori, le député Alexandre Berthoud. Mais en tant que proche de Pascal Broulis, il attendra, par respect, que son mentor se positionne. Enfin, il ne faut pas oublier les parlementaires fédéraux Olivier Feller, Laurent Werly et Frédéric Borloz.

>> Voir l’analyse de Xavier Alonso dans Forum vendredi :

La limitation à trois mandats pour les ministres vaudois incite certains candidats à sortir du bois
La limitation à trois mandats pour les ministres vaudois incite certains candidats à sortir du bois / Forum / 3 min. / le 16 juillet 2021

La stratégie de l'UDC, du PS et des Verts

L'UDC a écarté l'idée d'un ticket commun avec le PLR. Le parti revendique en effet le siège perdu depuis la disparition de Jean-Claude Mermoud. La candidature du conseiller national Michael Buffat, qui ne devrait être qu'une formalité, sera officielle après le congrès du 7 octobre.

A gauche, le PS représente ses trois ministres sortantes. Nurria Gorrite, Cesla Amarelle et Rebecca Ruiz. Leur réélection apparaît comme une évidence.

Du côté des Verts, c’est moins clair. Leur conseillère d'Etat, Béatrice Métraux, n'a pas encore communiqué sa décision. Elle a obtenu de la direction de son parti un délai jusqu'en novembre pour rendre sa réponse.

Les élues fédérales Adèle Thorens, Léonore Porchet et Sophie Michaud Gigon ne devraient pas se présenter. Elles se plaisent trop sous la Coupole fédérale. Le candidat naturel, le député Vassilis Venizelos, devra donc ronger son frein jusqu'en novembre.

"Des questions de fond sur la manière d'envisager la vie politique"

Pour l'historien des droites Olivier Meuwly, l'évolution possible de la loi vaudoise sur l'exercice des droits politiques est "assurément un fait nouveau".

Interrogé vendredi dans La Matinale de la RTS, ce proche du PLR souligne qu'il y a cependant deux phénomènes assez différents à distinguer.

"Il y a le cas d'un parti qui doit organiser ses transitions, et c'est toujours un moment difficile pour tous les partis de quelque bord que ce soit. Et puis, il y a l'idée qui émerge maintenant (elle existe déjà ailleurs) de régler ce genre de situation à travers la loi. Ce sont deux débats différents".

"Mais résoudre le problème par la loi pose quand même un certain nombre de difficultés", relève Olivier Meuwly. "A priori, l'idée libérale est quand même de laisser les partis s'organiser. Laisser l'Etat s'en mêler à travers une loi pose des questions de fond sur la façon d'envisager la vie politique".

>> L'interview d'Olivier Meuwly dans La Matinale :

Un texte de loi veut limiter les conseillers d'Etat et des députés vaudois à trois mandats : interview d’Olivier Meuwly (vidéo)
Un texte de loi veut limiter les conseillers d'Etat et des députés vaudois à trois mandats : interview d’Olivier Meuwly (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 16 juillet 2021