Durant quelques heures, la maternité du Centre hospitalier universitaire vaudois a dû refuser de nouvelles patientes. Seize futures mères ont ainsi dû être redirigées vers d'autres hôpitaux et cliniques du canton de Vaud, a appris la RTS.
La pratique n'a rien d'exceptionnel, mais surprend pas son ampleur. En comparaison, 17 femmes avaient été réorientées vers d'autres établissements sur l'ensemble de l'année 2019.
Taux d'absence élevé
En quelques jours, la maternité a donc atteint le même niveau de saturation que sur un an. Le directeur du CHUV Philippe Eckert explique cette situation par un taux d'absence du personnel médical particulièrement important. Il se monte en ce moment à 18%, contre 12 à 14% en temps normal.
"Il est vrai qu'actuellement nous avons dû fermer quelques lits à la maternité, puisque nous avons un taux d'absence qui est plus élevé que d'habitude", a-t-il confirmé dans le journal de 12h30 de la RTS. Selon lui, ce manque de personnel s'explique en partie par des congés maternité, mais aussi par un effet Covid: "Des collaborateurs ont dû récupérer des heures supplémentaires. Il y a aussi une fatigue plus élevée que l'on observe de façon plus générale, certainement liée à la pandémie", analyse Philippe Eckert.
Retour à la normale courant octobre
"Il vaut mieux être réorienté pour accoucher dans de meilleures conditions", a également défendu le directeur du CHUV plus tard dans Forum. "Nous travaillons en réseau avec les autres hôpitaux vaudois. Parfois, ce sont eux qui nous transfèrent des patients, parfois c'est nous", a-t-il fait remarquer, tenant aussi à préciser que la maternité du CHUV restait ouverte "en tout temps" pour les cas d'urgence,
Le CHUV promet la réouverture des lits dès la fin septembre et un retour à la normale courant octobre grâce à l'engagement de nouvelles sages-femmes. Philippe Eckert insiste toutefois sur la difficulté récurrente à engager dans ce secteur "pénurique".
Julie Rausis/jfe/vic
Les syndicats dénoncent un problème systémique
Les syndicats, de leur côté, doutent du caractère exceptionnel de la situation. L'antenne vaudoise du Syndicat des services publics (SSP) évoque un problème systémique qui touche aussi d'autres services, comme le Département femme-mère-enfant du CHUV, lui aussi sous haute tension, ou le bloc opératoire, qui accusait un taux d'absence de près de 25% au début de l'été.
"Ce 'retour à la normale' n'est pas rassurant, parce que la norme au CHUV, depuis des années, correspond à une situation anormale. Les gens ne peuvent pas faire leur travail. Les soignants sont absents parce qu'ils sont épuisés et parce que les effectifs sont insuffisants depuis des années. Le Covid n'a fait qu'aggraver les choses", avance le secrétaire syndical au SSP Vaud David Gygax.
Même problème en pédiatrie
La situation rappelle celle des services de pédiatrie et de néonatologie des HUG, qui faisaient face cet été à un taux d'absence élevé.
>> Lire à ce sujet : La détresse des services pédiatriques des HUG se reflète dans les chiffres
Le directeur du CHUV Philippe Eckert estime lui que ces problèmes ont été pris en considération. Ils rappelle que depuis 2015, plusieurs mesures ont été prises pour améliorer les conditions de travail des collaborateurs: revalorisation salariale, places dans les crèches pour les enfants du personnel, locaux d'allaitement, campagne anti-harcèlement. Il annonce également le lancement d'un questionnaire pour évaluer les conditions de travail des salariés du CHUV.