Avec cette publication d'une centaine de pages, l'Association de défense des riverains de la Blécherette (ADRB) et la section vaudoise de l'Association transports et environnement (ATE Vaud) veulent "montrer le décalage qui existe entre les analyses et prescriptions institutionnelles et la réalité vécue dans les quartiers soumis aux nuisances des mouvements d'aéronefs".
Le document s'appuie notamment sur des relevés menés sur le terrain par des membres de l'ADRB et des données, études et rapports officiels et privés.
L'ADRB et l'ATE Vaud critiquent le fait que la réglementation sur le seuil des niveaux sonores admissibles par l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) dans l'établissement de son document de référence, le cadastre du bruit, ne prenne en compte que l'environnement immédiat de l'aéroport (et non pas le sud de Lausanne, par exemple) et surtout que ce cadastre date de 2001.
La question du nouveau quartier
Cela est considéré comme particulièrement problématique alors que le vaste écoquartier des Plaines-du-Loup est en train de sortir de terre, à côté de l'aéroport. Les 700 premiers habitants emménageront dès l'été 2022. D'ici à 2030, le quartier en concentrera 8000 ainsi que 3000 emplois. "Evaluer la charge sonore des futurs habitants de ce quartier avec un document datant de 2001 relève de la gageure", écrivent les deux associations.
Avec l'apparition sur le tarmac de nouveaux avions à propulsion au kérosène, comme les Pilatus, les niveaux sonores auraient augmenté depuis 2001. De plus, de 2010 à 2020, les mouvements vers le nord de l'aéroport, zone moins densément peuplée que le sud et donc "sources de diminution des nuisances", n'auraient pas été respectés neuf fois sur onze. "En 2020, les décollages vers le sud ont encore représenté 53%" du total, contre 36% en 2001.
"Engagements pas tenus"
Pour Alain Faucherre, président de l'ADRB, la conclusion d'un protocole d'accord en 2018 entre la Ville de Lausanne et l'aéroport, censé réduire les nuisances, n'a servi à rien ou presque. "Trois ans plus tard, le bilan est négatif", a-t-il déclaré. "Les engagements ne sont pas tenus."
Les activités des avions-écoles et de l'aviation d'affaires sont pointées du doigt. "Le sud et l'ouest de la ville de Lausanne servent de terrain d'exercice aux vols de l'école d'aviation", dénonce le livre blanc. Au-delà des perturbations sonores, la question de la sécurité au-dessus de zones densément peuplées est posée.
Plusieurs mesures réclamées
Raillant au passage le bilan carbone de l'aéroport (estimé à 2650 tonnes de CO2 par an pour les vols uniquement), l'ADRB et l'ATE Vaud formulent une liste de revendications: davantage de mouvements vers le nord, installation de silencieux sur les avions les plus bruyants, déploiement d'appareils électriques, restrictions de vols les week-ends et les jours fériés ou encore meilleur dialogue entre l'aéroport, les autorités et les riverains.
Les associations réclament aussi un rehaussement de la redevance annuelle liée au droit de superficie accordée par la Ville de Lausanne. Atteignant un peu moins de 60'000 francs par an, soit 30 centimes par m2, elle est jugée sous-évaluée.
En réaction à cette publication, les Verts lausannois ont annoncé lundi le dépôt d'interpellations au Conseil communal de Lausanne, au Grand Conseil vaudois et au Conseil national, "pour faire la lumière sur un territoire où règne l'opacité". Les Verts réaffirment leur volonté de voir cet aéroport "qui n'a plus sa place à Lausanne" fermer au plus tard en 2036, au terme de sa concession fédérale d’exploitation.
ats/ther