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"La couleur de la peau n'a eu aucune influence" dans le drame de Morges, selon la police

La famille de l'homme assassiné à Morges porte plainte: interview de Clément Leu
La famille de l'homme abattu à Morges porte plainte: interview de Clément Leu / Forum / 8 min. / le 17 septembre 2021
Alors que la famille de l'homme tué par balles dans une intervention à Morges dénonce une bavure policière à caractère raciste, le commandant de la Police Région Morges Clément Leu a réfuté cette allégation. "La couleur de peau n'a eu aucune influence sur les actes effectués par mes agents à ce moment-là", a-t-il affirmé dans Forum vendredi.

Fin août, la police a fait feu sur un homme qui se montrait menaçant en gare de Morges (VD). L'individu qui était armé d'un couteau est décédé sur place. Il souffrait de problèmes psychologiques et était connu de la police zurichoise.

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Pour la famille de la victime, cette intervention est une bavure policière. Selon elle, la police n'aurait pas agi de la sorte si l'individu avait été un homme blanc.

>> Lire : La famille de l'homme tué à Morges dénonce une bavure à caractère raciste

Interrogé dans Forum vendredi, Clément Leu, commandant de la Police Régions Morges, a réfuté cette accusation. "Je ne peux pas l'accepter comme critique. La couleur de peau n'a eu aucune influence sur les actes effectués par mes agents à ce moment-là".

Dans de telles situations, "les agents sont concentrés sur les risques. La personne a-t-elle toujours le couteau? La personne peut être asiatique, d'origine africaine ou blanche, ce n'est pas un paramètre qui entre en ligne de compte dans leur appréciation", a expliqué le commandant.

Le policier qui a tiré n'est plus sur le terrain mais n'est pas suspendu. Pour cela, "il faut une faute avérée. On prendra des mesures administratives après les résultats de l'enquête si nécessaire. On est davantage dans une démarche d'accompagnement et de soutien du collaborateur", a relevé le policier.

Pas de dialogue

"L'arme principale du policier est le dialogue. Si vous n'arrivez pas à entrer en dialogue avec la personne, vous ne pouvez plus utiliser l'outil qui règle 95% des cas", a encore expliqué Clément Leu. "Plus la situation est dynamique, plus vous êtes acculé en tant que policier jusqu'à faire usage de votre arme".

"Comme pour une large part des interventions, on a une information de base lacunaire: un individu perturbé à la gare. La plupart du temps, ce sont des gens qui ont consommé un peu trop d'alcool qu'on va retrouver. Les agents vont pour aider, pour calmer la situation. Mais la situation s'est transformée très rapidement et la personne s'est avancée vers mes agents avec une arme létale", a précisé Clément Leu.

C'est au Ministère public de déterminer ce qu'il s'est passé précisément, a-t-il encore indiqué. Concernant le temps de réaction des policiers après le tir, "la première chose que les agents vont faire, c'est d'alerter les secours et sécuriser la place. Il y a quand même un choc émotionnel de devoir tirer sur quelqu'un. On ne peut pas s'entraîner à ça. Pour les agents, il y a un peu une distorsion temporelle où pendant une ou deux minutes, ils reprennent leur souffle".

"Ces interventions font partie du métier et il faut en être conscient. Un événement comme ça montre l'importance de ne pas lâcher prise au niveau de la formation continue et de répéter ces gestes importants", a conclu le commandant.

Propos recueillis par Pietro Bugnon/lan

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