Béatrice Métraux a prouvé que les écologistes dans les gouvernements pouvaient avoir d'autres compétences que l'environnement. Elue au gouvernement vaudois en décembre 2011, elle a d'abord été en charge du Département de l'intérieur puis du Département des institutions et de la sécurité. Elle n'a hérité de l'Environnement qu'en mars 2020.
Interrogés, les Verts vaudois saluent une ministre qui a démontré la capacité des écologistes à intégrer les exécutifs, mais regrettent sa discrétion.
Incompréhension avec la base militante
Les Jeunes Verts avaient notamment demandé sa démission. Il y a en effet eu une forme d'incompréhension entre Béatrice Métraux et la base militante lors des grèves du climat ou de la crise de la Zad du Mormont.
La ministre verte n'a pas su faire entendre sa voix au sein du gouvernement vaudois, et les Jeunes Verts l'ont contestée. Béatrice Métraux n'a pas senti monter la vague verte - celle d'une certaine radicalité face à l'urgence climatique - ou n'a pas voulu surfer sur cette politique de contestation.
Parcours atypique
Il faut dire que le parcours de Béatrice Métraux est atypique. Elle n'a rien d'une militante ou d'une "ex-soixante-huitarde ". Juriste, elle a travaillé pour différentes administrations de la Confédération et du canton tout en étant syndique de Bottens dans le Gros de Vaud, avant d'être aspirée par le Grand Conseil et le Conseil d'Etat.
Avec le départ de Béatrice Métraux, 66 ans, le bal des prétendants commence aussi chez les Verts vaudois en vue des élections cantonales de mars 2022.
Alors qu'il avait laissé entendre par le passé son intérêt pour le gouvernement vaudois, le député écologiste Raphaël Mahaim a annoncé au final qu'il ne se lancerait pas dans la course, indiquant préférer se consacrer à son futur mandat au Conseil national à Berne, où il remplacera le démissionnaire Daniel Brélaz en mars prochain.
Appel à candidatures
Le parti a lancé un appel à candidatures qui se terminera le 25 octobre. Une assemblée générale extraordinaire sera ensuite convoquée le 20 novembre pour définir la stratégie des écologistes vaudois.
Interrogé à ce sujet, le président des Verts Vaud, Alberto Mocchi, a indiqué que la direction du parti était "plutôt favorable" à une seule candidature écologiste sur une liste commune avec le Parti socialiste au 1er tour.
Béatrice Métraux est la troisième membre du Conseil d'Etat vaudois à annoncer son départ. Avant elle, les deux PLR Pascal Broulis et Philippe Leuba avaient également renoncé à briguer un nouveau mandat.
Xavier Alonso/asch avec ats
Qui pour succéder à Béatrice Métraux
Béatrice Métraux souhaite laisser la place à la nouvelle génération. Cette "nouvelle génération" porte déjà un nom qui est sur toutes les lèvres: Vassilis Venizelos, député à Yverdon-les-Bains et qui coche toutes les cases du profil idéal d'un futur ministre écologiste.
Sa légitimité est bien établie chez les Verts vaudois. Il dispose d'une certaine expérience, maîtrise la communication et est considéré comme un homme de dossiers. Agé de 44 ans, il fait partie d'une génération en contact avec les Jeunes Verts qui poussent, mais aussi avec les plus anciens qui ont fait grandir le parti.
Le principal intéressé ne s'est pas encore déclaré, mais il le répète: il prendra ses responsabilités le moment venu...difficile d'être plus clair.
Parmi les autres ténors du parti vaudois faisant partie des papables, on retrouve plusieurs parlementaires fédérales: Adèle Thorens, Léonore Porchet et Sophie Michaud-Gigon. Mais les trois élues se plaisent à Berne et comptent y rester. Idem pour le futur conseiller national Raphaël Mahaim, qui remplacera Daniel Brélaz en mars.
A un ou à deux?
Les Verts lanceront-ils un seul candidat ou candidate au Conseil d'Etat, ou tenteront-ils un ticket à deux? Le parti a lancé un appel à candidatures et tranchera lors d'une assemblée générale avant la fin de l'année.
Les cadors du parti sont unanimes, il faut partir avec un nom. Les jeunes Verts ont confirmé à Forum qu'ils ne lanceraient pas de candidat. Ils entendent toutefois plaider pour une double candidature verte au gouvernement cantonal.
Cette stratégie est dangereuse et pourrait fâcher l'allié socialiste. Conséquence: les Verts pourrait rater une place sur le redoutable ticket rose-vert emmené par les locomotives du PS Nuria Gorrite, Cesla Amarelle et Rebecca Ruiz.
Défi: appliquer le plan climat
Un éventuel futur élu écologiste aurait la lourde tâche de faire appliquer et faire accepter le Plan climat vaudois. Le projet est ambitieux: atteindre la neutralité carbone dans le canton d'ici 2050. Car l'électorat vert veut des actes concrets sur le plan écologique. Il faudra donc passer à la vitesse supérieure.