"Le constat est alarmant, il y a urgence à agir", a reconnu la conseillère d'Etat Rebecca Ruiz lors d'une conférence de presse. Elle a relevé que toutes les études, menées aux niveaux suisse et vaudois, allaient "dans le même sens" au sujet du malaise des jeunes, avec une forte hausse des états dépressifs, des décrochages scolaires, des troubles alimentaires ou encore des addictions aux écrans.
Encore plus inquiétant, les idées suicidaires semblent de plus en plus répandues chez les jeunes. La directrice du site romand ciao.ch, Marjory Winkler, a expliqué que sa plateforme avait enregistré, depuis le début de la crise, un bond de 200% des messages évoquant le suicide ou l'automutilation.
Les chiffres manquent encore pour savoir si cela se traduit par une hausse des passages à l'acte. Reste que le canton de Vaud souhaite "agir avec célérité sous peine de devoir assumer des conséquences dramatiques", a poursuivi Rebecca Ruiz.
Son Département de la santé et de l'action sociale (DSAS) et celui de la formation de la jeunesse et de la culture (DFJC) ont défini ensemble quinze mesures pour venir en aide aux jeunes. "Nous allons agir à tous les niveaux en renforçant les structures déjà en place", a indiqué Cesla Amarelle, la cheffe du DFJC.
A l'école et ailleurs
Des enveloppes seront attribuées aux différentes écoles du canton. Cela permettra d'élargir les appuis scolaires, de lutter contre l'absentéisme ou encore d'augmenter la dotation en psychologues et infirmières scolaires. Ces différentes mesures visent particulièrement certains "groupes à risque", par exemple des élèves venant de familles précaires ou qui souffraient déjà de troubles, a relevé Cesla Amarelle.
Raphaël Gerber, directeur adjoint de la Direction générale de l'enseignement obligatoire, a souligné l'importance, pour ces élèves, de "garder le lien" avec l'école. "Il faut faire revenir ceux qui ont pris l'habitude de rester chez eux devant leurs écrans et à côté de leur frigo", a-t-il affirmé.
Hors du milieu scolaire, les cinq millions de francs débloqués permettront d'améliorer la prise en charge et de réduire le délai d'attente dans différentes structures. Rebecca Ruiz a pris l'exemple des Boréales, un centre de consultation pour les victimes de violences en milieu familial, où la demande a bondi ces derniers mois.
Urgence
Plusieurs associations bénéficieront aussi d'un soutien supplémentaire, à l'instar de "Stop Suicide", qui a prévu une nouvelle campagne de prévention en fin d'année. La plateforme ciao.ch va aussi pouvoir étendre ses prestations avec, par exemple, avec la création d'un nouveau site, ontecoute.ch, spécialement consacré aux 20-25 ans.
Tant Rebecca Ruiz que Cesla Amarelle ont estimé que le canton de Vaud avait réagi à temps face ce problème, en prenant des mesures dès "les premières alertes" puis en renforçant aujourd'hui leur plan d'action. Un avis partagé par Marjory Winkler de ciao.ch: "Dès mars 2020, soit depuis le début de la crise, nous avons été en contact avec le canton, que cela soit pour nous soutenir ou nous demander de faire remonter des informations du terrain", a-t-elle souligné.
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ats/sjaq