Lausanne propose une série de mesures concrètes sur la pollution à la dioxine

Les analyses complémentaires effectuées par la Ville ont révélé sept nouveaux sites communaux pollués aux dioxines et furanes, a-t-elle annoncé jeudi dans un communiqué. Il s'agit de deux garderies, trois aires de jeux, un plantage et deux forêts.

Pour les garderies concernées, elle propose d'installer des copeaux de bois et des bâches pour recouvrir les zones sensibles accueillant des enfants en bas âge pour empêcher l'accès à la terre et diminuer le risque d'ingestion, explique la Municipalité. Des panneaux d'information et des barrières empêchant l'accès aux espaces de jeux devraient être installés dans les deux collèges et une place de jeux publique concernés.

La totalité des seize plantages de la Ville a aussi été analysée. Pour cinq d’entre eux, leurs détenteurs seront informés des recommandations (limitation de la consommation des cucurbitacées). Pour le seul d'entre eux dépassant le seuil des 100 ng TEQ/kg, la ville propose la fermeture.

Les jardins potagers et familiaux de la ville semblent, eux, moins touchés. Aucun ne dépasse en effet le seuil des 100 ng TEQ/kg.

Pas de pollution des eaux

La Municipalité confirme par ailleurs que les eaux lausannoises ne sont pas touchées par cette pollution. En effet, les dioxines sont stables dans les sols et très peu solubles dans l'eau. Elles se concentrent dans les couches supérieures du sol et ne s'évaporent pas. De plus la STEP n'est ni réceptrice ni émettrice dans le cycle de l'eau, rappelle-t-elle.

Lundi, le canton avait dressé un état des lieux et précisé le périmètre concerné par une pollution aux dioxines et furanes "inédite en Suisse". La zone s'étend sur une grande partie du territoire lausannois - autour du centre-ville et de Sauvabelin - mais aussi sur le sud des communes du Mont-sur Lausanne et d'Epalinges. Pully et Prilly sont marginalement touchées.

En tout, 126 sites ont fait l'objet d'analyses. D'autres investigations se poursuivent. Les autorités ont émis des recommandations sanitaires aux propriétaires de jardins et de poulaillers, qui se trouvent dans les zones les plus touchées. Les fumées de l'ancienne usine d'incinération du Vallon - démantelée à la fin des années 2000 - semblent être à l'origine de la pollution.

>> Relire : La pollution aux dioxines touche une bonne partie de la Ville de Lausanne

"Un chantier compliqué", selon Grégoire Junod

Grégoire Junod, syndic de Lausanne, se veut rassurant: "Il faut avant tout suivre les recommandations fixées", affirme-t-il au micro de l'émission Forum jeudi. L'élu pointe également la découverte "fortuite" de cette pollution à la dioxine à Lausanne, qui peut laisser présager des pollutions du même type dans d'autres centres urbains du pays. "Jusqu'à maintenant, on n'étudiait pas la pollution à la dioxine lorsque l'on avait des projets immobiliers. Cela a été fait de manière fortuite et a permis de découvrir une pollution existante à Lausanne, mais c'est probablement une réalité dans beaucoup de villes de Suisse."

Pour la décontamination, un "chapitre qui s'ouvre", l'élu socialiste souligne que Lausanne agit sous l'autorité de la Confédération - qui fixe les normes -  et du canton - qui fixe les règles et impose restrictions et recommandations.

>> Les explications de Grégoire Junod dans Forum :

Keystone - Cyril Zingaro

Quand aux modalités de la décontamintion - quand assainir, avec quel délai, comment, avec quelles conséquences, avec quelle responsabilité pour la Ville et quel financement de la Confédération - "toutes ces questions sont encore ouvertes", indique Grégoire Junod. "On est au-devant d'un chantier qui va être compliqué, c'est indéniable", admet-il.

Une information sera faite aux propriétaire privés par le canton prochainement, indique encore le syndic. "Pour l'heure, ils doivent suivre les recommandations émises, qui s'appliquent également aux jardins privés."

ats/ami/kkub