On se rappelle des images qui avaient choqué la Suisse au printemps 2020, montrant des milliers de personnes faisant la queue à Genève pour obtenir un colis alimentaire.
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La pandémie a révélé et aggravé des besoins déjà en hausse. Les Colis du Coeur genevois comptent désormais 6000 bénéficiaires par semaine, soit deux fois plus qu'en 2019. Les épiceries Caritas ont vu leur fréquentation augmenter de 10% durant le premier semestre 2021, tout comme la valeur moyenne du panier d’achat, témoin d'une forte demande de produits de nécessité bon marché.
Dans le canton de Vaud, le constat des Cartons du Coeur est similaire. L'association lance une grande opération de récolte sur deux jours, vendredi et samedi, afin d'y faire face.
"On constate une augmentation d'environ 8 à 12% annuelle et, avec le Covid, on a eu un bond supplémentaire de 10%", relate Fabien Junod, responsable opérationnel, logistique et communication des Cartons du Coeur. Cette hausse concerne essentiellement des indépendants et des personnes travaillant dans l'événementiel, indique-t-il, avant d'ajouter que "ce n'est pas près de baisser".
Problématique désormais exposée au grand jour
Il faut du temps aux personnes fragilisées pour sortir la tête de l’eau, explique Frédéric Monnerat, chargé de communication aux Colis du Cœur, à Genève. La situation actuelle pourrait, selon lui, durer quelques années. Aussi, si la demande d'aide sociale n'a pas augmenté, moins de personnes en ressortent qu'il y a 12 ou 18 mois, selon Caritas Suisse.
Pour Silvana Mastromatteo, de l'association genevoise Caravane sans Frontières, l'aide alimentaire d'urgence devrait devenir une aide pérenne. "Il faudrait qu'il y ait un plan de subsides qui puissent être octroyés aux personnes dans le besoin."
Elle estime néanmoins que des efforts ont été fournis par les autorités ces derniers mois. "Depuis une année, on peut faire des distributions alimentaires, on voit les statistiques et on parle de cette problématique, ce qui n'était pas le cas avant."
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Selon la Confédération, une personne sur six en Suisse est exposée au risque de pauvreté.
Julie Rausis/iar