Le gouvernement vaudois veut que la part des déplacements à vélo atteigne le 10% du transport total sur les routes cantonales dans quinze ans. En 2015, cette part vaudoise était de 2,2% seulement. Elle est sans doute un peu supérieure aujourd'hui, mais le canton n'a pas de chiffres actualisés.
En 2010, il s'était fixé une stratégie pour aménager un réseau cyclable d'environ 260 kilomètres d'ici 2020, hors et dans les localités. Un objectif qui n'a pas été atteint: actuellement, le réseau cantonal compte environ 180 kilomètres d'aménagements pour les vélos, dont 60 kilomètres de pistes cyclables et 120 kilomètres de bandes cyclables provisoires.
"Un retard à rattraper"
D'ici 2035, ces aménagements passeront à 500 kilomètres, soit le 50% du réseau de 1000 kilomètres prévu par le canton à plus long terme encore. "Nous voulons que le vélo devienne une alternative réelle et évidente à la voiture sur les courtes et moyennes distances", a déclaré devant la presse Nuria Gorrite, cheffe du Département vaudois des infrastructures et ressources humaines.
La ministre a rappelé qu'en moyenne la moitié des déplacements en voiture sont de 5 kilomètres par jour en Suisse. "Nous avons un sérieux retard à rattraper" par rapport à un canton comme celui de Berne, qui a déjà atteint le seuil de 10%. Il faut donc "accélérer le développement d'une culture du vélo", a-t-elle dit.
La nouvelle stratégie vaudoise présentée par la présidente du Conseil d'Etat veut faire du vélo "le pilier d'une mobilité active et durable" dans le canton. L'objectif est de permettre à la population de 8 à 80 ans d'effectuer la plupart de ses trajets quotidiens à vélo. En clair: utiliser son vélo chaque jour doit devenir un réflexe, a résumé Nuria Gorrite.
Trois volets stratégiques
La stratégie se décline en trois volets. Le premier concerne la promotion du vélo auprès de toute la population, en passant par la formation, des campagnes d'information, des actions incitatives, des offres et des services.
Le deuxième vise à relier et aménager de manière plus continue et étendue un "territoire propice au vélo". Vaud veut réaliser de manière plus proactive et à un rythme plus soutenu de nouveaux tronçons avec un accent particulier mis sur la sécurité des cyclistes.
Il s'agit de créer un réseau principal, dit "structurant", qui reliera des pôles d'importance ainsi que des interfaces de transports publics. Entre 70 et 80% des pistes cyclables devront être aménagées hors de traversée de localité. Le réseau sera complété par des liaisons cyclables secondaires à aménager par le canton et les communes afin d'assurer une desserte plus fine du territoire vaudois.
Le troisième volet concerne les moyens financiers, humains et organisationnels pour mettre en place ce "saut qualitatif important". Un Centre de compétence vélo va être créé avec une dizaine de nouveaux postes au sein de la Direction générale de la mobilité et des routes. Il s'occupera de gérer la mise en oeuvre des volets promotion et infrastructure, ainsi que la collaboration avec les communes.
ats/iar
Soutien aux communes
Le canton veut "plus fortement" soutenir les communes, par le biais de subventions pour la réalisation et l'entretien des aménagements cyclables sur des routes cantonales en localité. Il compte aussi offrir un appui technique et financier pour lancer des études pour des réseaux cyclables régionaux.
Afin de lancer sa stratégie, le Conseil d'Etat demande au Grand Conseil deux crédits d'un montant total de près de 42 millions pour un premier volet de mise en œuvre. Mais à long terme, ce ne sont pas moins de 300 millions de francs, soit 30 millions par an, qui seront investis dans les aménagements cyclables, a aussi annoncé Nuria Gorrite.
L'antenne vaudoise de l'Association Transports et Environnement (ATE) et l'association Pro Vélo ont accueilli "très positivement" ces annonces. Elles ont salué "un véritable tournant" et "des mesures fortes [...] qui redonnent une place nécessaire au vélo". ATE Vaud regrette juste l'objectif des 10% de transports en vélo, "pas assez ambitieux", selon elle.