Critiques contre la fondation qui supervise le 144 dans les cantons de Vaud et Neuchâtel

Voilà maintenant depuis au moins quatre ans que le personnel de la Fondation Urgences Santé (FUS) appellent les autorités à l’aide. Cet établissement, subventionné par le canton de Vaud, gère les appels au 144 sur le territoire vaudois et neuchâtelois. Il gère aussi la centrale téléphonique des médecins de garde vaudois.

Dans un courrier anonyme daté de janvier dernier, des membres du personnel évoquent un climat de peur au sein de la Fondation. "Il est devenu dangereux de s'exprimer sans subir les réactions colériques et les menaces de notre direction", peut-on lire dans ce message envoyé notamment à la conseillère d'Etat vaudoise en charge de la santé Rebecca Ruiz. Selon les auteurs de ce texte, les tentatives de dialogue avec le directeur se solderaient par de "l'autoritarisme".

Des problèmes de gestion sont également pointés du doigt dans une lettre signée, envoyée à Rebecca Ruiz en août dernier. Le personnel dénonce "des fautes financières amenant à des restrictions budgétaires inadéquates". Il fait également mention d'un déséquilibre entre les ressources allouées pour le terrain, vers les centrales d'appels, et celles engagées dans la hiérarchie non opérationnelle.

Enfin, les collaborateurs et collaboratrices estiment ne plus être en mesure de garantir la qualité de leurs missions, notamment la gestion des appels d'urgences sanitaires du 144.

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RTS

Un audit en 2018 déjà

Face à cette situation, le personnel de la Fondation Urgences Santé a demandé un nouvel audit, après celui effectué en 2018. Celui-ci avait été mandaté par le Département vaudois de la santé et mettait déjà en lumière la majorité des problèmes évoqués aujourd’hui.

Entre 2019 et 2020, un nouveau directeur avait été nommé et le Conseil de fondation avait été complètement renouvelé. Mais la situation ne s'est pas améliorée, estiment les employés dans leurs lettres. A leur yeux, elle s'est même dégradée.

De son côté, le directeur de la fondation Pierre Aubry réfute les critiques à son encontre, qu'il juge infondées. Il indique par ailleurs que plusieurs recommandations de l'audit de 2018 ont été réalisées. Selon lui, aucun poste supplémentaire administratif n’a été créé au détriment des centrales d’urgence. Il insiste aussi sur le fait que les appels au 144 sont encore et toujours traités avec la plus grande rigueur et qualité.

>> L'interview du directeur de la Fondation Urgences Santé Pierre Aubry dans le 12h30 :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Deux audits supplémentaires et une interpellation

Reste que la situation a été jugée suffisamment alarmante pour qu’un député vaudois dépose mardi une interpellation urgente au Grand Conseil. L’UDC Yann Glayre évoque dans son texte "des démissions en cascade, un personnel surmené, et des arrêts maladies". Selon lui, "la mission des centrales téléphoniques est en danger".

Des craintes partagées par le syndicat SSP qui exige depuis des mois une action des autorités cantonales, et ce afin de résoudre "une grave crise interne qui provoque de la souffrance humaine", a déclaré la secrétaire syndicale Vanessa Monney dans l’émission Forum.

>> L'interview dans Forum de Vanessa Monney :

Interrogée par la RTS, la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz indique avoir récemment auditionné le syndicat et des membres du personnel. Dans la foulée, elle a décidé de lancer un nouvel audit dont l’objectif sera d’analyser la gouvernance de la FUS. Un autre audit, mandaté par le Conseil de la FUS, enquêtera sur les conditions de travail au sein de l’organisation.

>> Ecouter Rebecca Ruiz dans La Matinale mercredi :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Loïc Delacour/Marc Menichini/iar