Dès vendredi 05h00, les trains marchandises et voyageurs circuleront à nouveau, mais à seulement 20 km/h à l'endroit de l'affaissement, a annoncé jeudi après-midi Vincent Ducrot, le directeur général des CFF, qui s'est rendu sur les lieux de l'incident de mardi pour s'exprimer pour la première fois devant la presse.
La capacité de la ligne Lausanne-Genève restera ainsi limitée à quatre trains par heure et par sens, soit deux Regioexpress et deux Interregio au lieu de six en temps normal. Les InterCity, qui assurent la liaison directe entre Genève et Lausanne, sont toujours supprimés. Il faudra donc toujours compter sur des retards et perturbations. Les CFF invitent dès lors leurs clients et clientes à renoncer aux voyages non essentiels dans la région, jusqu'à mardi.
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Autoroute A1 saturée
Certains ont pu rester à la maison pour travailler, mais d'autres ont choisi de tenter l'aventure par la route. Et alors que l'autoroute est déjà fortement fréquentée en temps normal, tout le réseau entre Genève et Lausanne est saturé depuis deux jours.
Des bus de remplacement continueront d'assurer la liaison entre Morges et Allaman. Mais ils ne seront plus que cinq ou six, contre 37 actuellement.
Retour à la normale pas avant deux semaines
"Nous visons un système d'offre dégradé sur plusieurs jours avec des trains qui pourraient à nouveau circuler à vitesse normale à partir de mardi si la consolidation du terrain est pleinement et durablement sécurisée", a indiqué Vincent Ducrot, reconnaissant une "situation compliquée" et des "travaux complexes". Un retour à la normale n'est pas prévu avant deux semaines, selon les CFF.
"Le gros du travail de stabilisation du terrain est terminé mais nous allons continuer ce travail de stabilisation des voies ferrées pour pouvoir monter en puissance dans la capacité et la cadence des trains. Le résultat des sondages et des recherches géotechniques est plutôt encourageant. Nous avons bon espoir de consolider tout le massif de la zone", a précisé Charles-André Philipona, responsable de la maintenance pour la région Ouest aux CFF.
Soixante ouvriers à pied d'oeuvre
Plus d'une trentaine de tonnes de ciment ont été injectées dans le sol pour boucher les différentes cavités survenues après l'affaissement du sol, selon lui. Si cette stratégie ne devait pas être concluante après plusieurs jours, le plan B serait d'installer deux ponts provisoires d'une vingtaine de mètres, un dans chaque sens. Les infrastructures sont prêtes, entreposées à la gare de triage de Denges, non loin.
Cela fait désormais deux jours que soixante ouvriers se relayent et s'activent 24h/24 pour rétablir la ligne, victime d'un affaissement du sol mardi vers 17h00. En plus du long travail de bétonnage, de multiples micro-pieux ont aussi été installés afin de stabiliser le sol.
L'accident est lié au chantier voisin en cours de la société privée Energie 360°. Celle-ci effectuait des travaux pour le percement d'une canalisation à une dizaine de mètres sous les voies pour un projet de réseau d'énergie thermique.
"Je suis désolé"
Le patron des CFF n'a pas voulu s'exprimer sur les responsabilités ou non de cette entreprise. "Est-ce la faute à la malchance? Y a-t-il eu une erreur ou des insuffisances dans l'analyse géologique? Nous déterminerons tout ça dans un second temps", a-t-il dit.
Vincent Ducrot a profité de son déplacement sur place et devant la presse pour exprimer toutes les excuses des CFF à leur clientèle. "Je suis désolé", a-t-il déclaré. Il a aussi reconnu "une incapacité d'avoir rapidement et suffisamment de bus" mardi en fin d'après-midi lors de l'interruption du trafic. Il a aussi admis des "soucis d'informations" aux voyageurs et voyageuses le soir même.
S'agissant des remboursements ou dédommagements aux voyageurs, Vincent Ducrot a assuré que les CFF ne manqueraient à aucune de leur obligation.
ats/kkub
Vaud et Genève exigent une deuxième ligne entre Lausanne et Genève
Une nouvelle ligne ferroviaire entre Lausanne et Genève est "indispensable et urgente", ont affirmé de leur côté les cantons de Vaud et Genève. Ils aimeraient qu'elle soit opérationnelle à l'horizon 2050 avec, comme première étape dès 2035, la création d'un tunnel à double voie entre Morges et Allaman.
Comme le démontre la coupure de la ligne Lausanne - Genève depuis mardi, la Métropole lémanique "est bien trop dépendante d'une seule ligne ferroviaire", soulignent jeudi les deux cantons dans un communiqué. Ils enjoignent la Confédération à répondre "à cet enjeu majeur" en créant une nouvelle ligne, comme cela existe entre les autres principales villes du pays.
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Pour les autorités valdo-genevoises, il faudrait d'abord prévoir la construction d'un tunnel à double voie entre Morges et Allaman. Selon elles, ces travaux devraient intervenir dès 2035 dans le cadre de la prochaine étape d'aménagement PRODES (programme de développement stratégique).
L'intention actuelle de la Confédération de réaliser "au coup par coup des bouts de troisième, puis de quatrième voie dans le même secteur pour résoudre les problèmes de capacité, n'est pas une solution fiable et durable", poursuit le communiqué.