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Le policier qui a tiré à Morges explique qu’il n’a pas "eu le choix"

Le policier qui a tiré à 3 reprises sur un individu à la gare de Morges, fin août, affirme ne pas avoir eu le choix. Révélations
Le policier qui a tiré à 3 reprises sur un individu à la gare de Morges, fin août, affirme ne pas avoir eu le choix. Révélations / 19h30 / 2 min. / le 2 décembre 2021
La RTS dévoile la version des faits de l’agent qui a fait usage de son arme à feu le 30 août à la gare de Morges (VD). Ses trois tirs ont coûté la vie à un Zurichois de 37 ans.

Que s’est-il passé le 30 août, vers 18h00, sur le quai 4 de la gare de Morges? Pourquoi un agent de Police Région Morges a-t-il sorti son Glock 19 et tiré à plusieurs reprises sur un individu qui se trouvait sur les voies quelques instants plus tôt?

Alors qu’une instruction pénale est en cours et que le policier est prévenu de meurtre, la RTS lève le voile sur ses premières déclarations aux enquêteurs, dans les heures qui ont suivi le drame.

Le 30 août, cet agent âgé de moins de 35 ans et qui a quelques années de métier commence sa journée en fin de matinée. Il ne se passe rien de spécial jusqu’en fin d’après-midi.

Vers 18h00, un employé des CFF téléphone à la centrale de la police. L’appel, qui dure un peu plus de trois minutes, est enregistré. Le cheminot explique à la police qu’un individu se promène sur les voies.

Sur l’enregistrement, on entend l’employé des CFF dire à cet homme de se calmer et de s’asseoir. Ce dernier lui répond à plusieurs reprises de s’éloigner.

Cette scène est en partie filmée par une personne qui est à proximité de la gare. Les images ne sont pas d’excellente qualité, mais elles montrent le cheminot et l’individu sur les voies. Ils sont alors très proches l’un de l’autre et l’homme n’est pas menaçant.

La police est donc appelée sur place pour une personne annoncée comme agitée et perturbée. Il n’est pas fait état de quelqu’un de menaçant ou de dangereux.

Il le fixe dans les yeux

Une première patrouille composée de deux agents arrive sur le quai 4, alors fermé. La zone est sécurisée. Les vidéos prises par des pendulaires ne permettent pas de reconstituer la scène avec précision.

Quelques instants plus tard, une deuxième patrouille, elle aussi formée de deux agents, arrive sur les lieux.

Le policier prévenu de meurtre est dans cette patrouille. Selon ses déclarations, lorsqu’il arrive sur le quai, un de ses collègues lui dit que l’individu - qui s’appelle Roger, mais que ses proches surnomment Nzoy - a un couteau. Quelques secondes plus tard, selon ses dires, il voit que Nzoy tient un couteau, le fixe dans les yeux et commence à marcher dans sa direction.

Plusieurs vidéos prises par des pendulaires confirment que Nzoy marche en direction du policier, mais le couteau n’est pas visible sur les images. Ce qui est donc sûr, c’est que Nzoy ne le brandit pas.

Le policier n’est pas suspendu

L’agent explique avoir ressenti de la peur et sommé Nzoy de lâcher son couteau. Ce dernier ne l’aurait pas écouté et aurait au contraire "accéléré".

Le policier n’aurait donc pas eu "le choix". Il pointe alors son arme sur Nzoy. "Si je n’avais pas tiré, j’aurais été blessé, voire mortellement blessé", déclare-t-il aux enquêteurs.

Les vidéos montrent que l’agent tire deux premiers coups en pointant "centre-masse" comme on dit dans le jargon, c’est-à-dire dans le torse. Nzoy tombe au sol, mais se relève et continue de se diriger vers lui. Il tire alors un troisième coup, toujours dans le torse. Nzoy tombe de nouveau au sol. Il ne se relèvera pas.

Même s’il ne le dit pas explicitement aux enquêteurs, le policier évoque donc la thèse de la légitime défense.

L'avocat de la famille conteste

Avocat de la famille de la victime, Ludovic Tirelli ne partage pas cet avis. "Les circonstances ne permettent pas de retenir la légitime défense, vu le nombre de policiers, leur équipement, leur compétence, la configuration des lieux et l’attitude la victime. On a le sentiment, lorsqu’on voit les vidéos, que le policier est totalement débordé, qu’il a paniqué", estime l’avocat.

>> L'interview de l'avocat dans Forum :

Une enquête pénale pour le meurtre de Morges a été ouverte: interview de Ludovic Tirelli
Une enquête pénale pour le meurtre de Morges a été ouverte: interview de Ludovic Tirelli / Forum / 9 min. / le 2 décembre 2021

L’instruction pénale déterminera si la légitime défense peut être retenue ou non. Pour l’heure, l'agent n’est pas suspendu et il n'a pas l'interdiction de porter une arme. Il a repris progressivement le travail, mais il n'est pas encore retourné sur le terrain.

Fabiano Citroni et Xavier Alonso/jpr

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