"Qui de nous n'a pas vu un cycliste rouler sur un trottoir ou griller un feu rouge?", s'est interrogé d'emblée Fabrice Moscheni samedi au micro de l'émission Forum de la RTS. Il observe que de plus en plus de gens n'ont plus de voiture, n'ont "même pas le permis" et peuvent pourtant se lancer sur la route sans aucune connaissance des règles de base de la circulation, le tout sur un vélo "acheté avec les subventions de la ville".
Il s'inquiète particulièrement pour les cyclistes qui "poussent le bouchon" jusqu'à acheter des vélos-cargo ou des remorques pour transporter les enfants, à nouveau sans connaissance des règles, et signale que le BPA a récemment recensé dans un rapport quelque 200 collisions graves causées par des cyclistes. L'étude précise toutefois que tant le fait de rouler sur les trottoirs et de passer au rouge sont à l'origine d'un nombre relativement faible d’accidents graves, le refus de priorité étant de loin la cause la plus accidentogène.
Résumé des règles de base envoyé d'office
"Ce que je propose, c'est que les gens qui reçoivent une subvention pour acheter un vélo reçoivent un résumé des règles de base pour se lancer sur la route, pour qu'ils puissent augmenter leur niveau de sécurité et celle des autres usagers de la route", explique Fabrice Moscheni. "Si la mobilité douce veut devenir vraiment une mobilité respectable et acceptée par les autres, il faut aussi qu'elle respecte les règles, comme tout un chacun".
Le président de l'Association transports et environnement (ATE) Vaud David Raedler salue la proposition, mais rappelle qu'il faut déjà un permis de conduire de catégorie M pour circuler avec un vélo électrique de la catégorie 45 km/h. Quant aux autres vélos électriques (ceux dont l'assistance au pédalage s'arrête à 25 km/h), les jeunes entre 14 et 16 ans qui les conduisent doivent, eux aussi, être titulaires d'un permis M.
Pour David Raedler, la sécurité des cyclistes passe avant tout par des aménagements corrects. "C'est important d'avoir une connaissance des règles, mais c'est vraiment sur les aménagements qu'il faut mettre l'accent", signale-t-il. "Et on attend maintenant l'UDC et les autres partis sur cette question".
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C'est important d'avoir une connaissance des règles, mais c'est vraiment sur les aménagements qu'il faut mettre l'accent
Rééquilibrer les modes de transport
"Il y a déjà énormément d'infrastructures mises en place en ville de Lausanne", qui entend d'ailleurs faire passer de 2% à 15% la part des cyclistes d'ici 2030, rétorque Fabrice Moscheni. "Cela passe aussi par une certaine responsabilisation des cyclistes. Aujourd'hui, vous ne pouvez pas avoir des cyclistes qui grillent des feux rouges (...). Il y a une sorte de passe-droit, d'impunité quand vous êtes cycliste. Ca ne va pas", avance-t-il, taclant au passage la Municipalité de Lausanne, dont il critique la partialité sur la question.
Il y a une sorte de passe-droit, d'impunité quand vous êtes cycliste. Ca ne va pas
"Il ne faut pas qu'un mode de transport exclue l'autre. C'est malheureusement le cas aujourd'hui dans des villes qui ont été construites autour de la voiture dans les années 70 et 80, où la voiture exclut les autres modes de transport, que ce soit les cyclistes ou les piétons", relève pour sa part le président de l'ATE Vaud David Raedler. "Il y a effectivement un rééquilibrage sur lequel on est en train d'arriver, pour lequel des mesures sont prises, ce qui est excellent et augmente la sécurité".
Propos recueillis par Tania Sazpinar
Adaptation web: Vincent Cherpillod