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Comment les Verts peuvent garder leurs jeunes les plus militants?

Comment les verts peuvent garder l'électorat de la gauche militante?
Comment les Verts peuvent garder leurs jeunes les plus militants? / Forum / 2 min. / le 18 janvier 2022
Lassée ou déçue, la nouvelle génération d'activistes du climat délaisse parfois la politique traditionnelle. Un défi pour les Verts, notamment dans le canton de Vaud, à quelques semaines des élections cantonales.

La ZAD du Mormont, le squatt de Clendy-Dessous, les blocages et les actions choc d'Extinction Rebellion pourraient creuser le fossé entre activisme et engagement politique classique. En effet, les partis traditionnels avec leurs institutions et leur timing ne correspondent pas forcément avec l'urgence brandie par les militants du climat.

A Yverdon, une partie des Jeunes Verts a rejoint récemment le groupe Solidarité & Écologie, une formation de gauche radicale qui se lance dans l'élection au Grand Conseil de mars prochain. Sur sa liste, une quinzaine de candidats, dont cinq sont d'anciens adhérents des Jeunes Verts. Ils veulent défendre des visions alternatives de l'écologie et assumer des positions plus offensives.

Ce même discours teinté de lassitude s'est fait entendre lundi en marge des procès des Zadistes du Mormont, devant le tribunal de Nyon. "Le problème des formes institutionnelles d'engagement est qu'elles ne vont pas assez loin" a expliqué à la RTS une jeune militante qui a quitté les Verts.

Pas d'hémorragie

Il y a bien une perméabilité entre les partis de gauche et d'extrême gauche, mais elle n'inquiète pas le président des Verts vaudois, Alberto Mocchi. "On est loin d'une hémorragie. Les écologistes vaudois enregistrent peu de démissions et poursuivent leur progression".

Leur section jeune compte cinq à dix nouveaux membres chaque mois, d'après la co-présidente des Jeunes Vert·exs Vaud (JVVD). Cynthia Illi observe toutefois un certain nombre d'adhérents qui cumulent un engagement conventionnel, chez les Verts, et un engagement dans un mouvement social comme Extinction Rebellion ou la ZAD. Elle reconnaît que les jeunes écologistes sont nombreux à ne pas en attendre beaucoup de la politique institutionnelle.

De son côté, Alberto Mocchi comprend que la nouvelle génération de militants puisse être déçue par la lenteur de la politique traditionnelle dont le temps n'est pas celui de l'urgence climatique. Il reconnaît une complémentarité entre les actions coup de poing et les leviers plus institutionnels. Mais l'activisme radical n'est pas, selon lui, le propre des Verts.

Un défi pour la gauche

Les Verts vaudois disent ne pas trop s'inquiéter de ces quelques départs de jeunes partisans dans la perspective des élections cantonales.

Interrogé dans l'émission Forum de la RTS, Vassilis Venizelos, candidat des Verts pour l'élection au Conseil d'Etat vaudois, estime qu"'il faut relativiser l'exemple d'Yverdon. Pour moi c'est un epiphénomène. Ce sont de jeunes militants qui ont trouvé une autre formation politique qui répondait mieux à leurs attentes".

"Il faut comprendre leur impatience", a encore relevé Vassilis Venizelos. "Il y a différentes réponses à apporter à cette problématique: il y a la voie institutionnelle qui a été choisie par les Verts et il y a une autre voie moins institutionnelle, plus militante. Je suis convaincu que ces deux voies peuvent cohabiter parfaitement. La démocratie existe dans et hors des institutions et c'est par ce débat de société que les institutions évoluent", a conclu le candidat des Verts.

>> Son interview complète dans Forum :

Les jeunes risquent d'abandonner le parti des Verts: interview de Vassilis Venizelos
Les jeunes risquent d'abandonner le parti des Verts: interview de Vassilis Venizelos / Forum / 5 min. / le 18 janvier 2022

Le risque d'égarer des brebis demeure toutefois plus grand à gauche qu'à droite de l'échiquier politique, constate le politologue de l'Université de Genève Pascal Sciarini. Les mouvements sociaux sont en effet plus nombreux à gauche.

Les partis de droite vivent aussi des tensions avec leurs jeunes membres, aux positions plus musclées. Mais ceux-ci ont moins de possibilité de quitter le parti pour rejoindre des formations alternatives.

L'éparpillement des voix est donc surtout un risque pour la gauche. Et il faudra attendre le 20 mars prochain pour en mesurer les effets sur les Verts vaudois.

Julie Rausis/lan

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