Les douze activistes ont été dénoncés à la justice pour avoir participé à une action d'Extinction Rebellion le 14 décembre 2019. Ils sont accusés d'avoir bloqué la circulation sur la rue Centrale, puis d'avoir résisté lors de leur évacuation par la police. La manifestation, qui s'était déroulée durant une bonne partie de la journée, avait réuni jusqu'à 500 militants et sympathisants.
Contre chacun des 12 activistes jugés lundi, le Ministère public a requis une peine pécuniaire de 20 jours-amende avec sursis. S'y ajoutent une amende de 300 francs et des frais de procédure à hauteur de 200 francs.
Aucun représentant du Parquet n'assiste à ce procès devant le tribunal d'arrondissement de la ville de Lausanne pour soutenir l'accusation. Quant aux 12 prévenus, ils assurent eux-mêmes leur défense, sans le soutien d'un avocat.
Inaction des autorités critiquée
Parmi les prévenus figurent deux visages bien connus de la lutte contre le coronavirus: l'infectiologue Valérie D'Acremont et le responsable de la campagne de vaccination vaudoise Blaise Genton, qui sont par ailleurs mariés.
Valérie D'Acremont est celle qui a le plus longuement parlé lors du procès. Elle a détaillé ses motivations, celles d'une médecin soucieuse d'alerter la population et les politiques sur les liens entre climat, biodiversité et santé.
Les deux médecins romands ont également critiqué l'inaction des autorités, sourdes selon eux "aux messages d'alerte" des scientifiques. "J'ai essayé de faire tout ce que je pouvais, d'agir à tous les niveaux", a relevé Valérie D'Acremont.
Un sentiment de "honte"
L'infectiologue a également reconnu qu'à certains moments, elle avait le sentiment que son travail "n'avait plus de sens". Et d'ajouter: "Comment soigner les gens si on leur nuit d'abord ?". Elle a pris l'exemple du Covid-19 et, selon elle, des inévitables futures pandémies, pour lesquelles "personne ne cherche à agir sur les véritables causes."
Blaise Genton a, lui, admis sa "honte" de laisser à la jeunesse "une planète qui va dans le mur". "En m'asseyant ce jour-là dans la rue, je me suis dit que je pourrais au moins dire à mes enfants et petits-enfants que j'avais essayé de faire quelque chose", a-t-il dit, des sanglots dans la voix.
Un activisme "difficilement compatible"
Pour le président du PLR vaudois Marc-Olivier Buffat, ce mélange des genres ne passe pas. Il a interpellé le Conseil d'Etat à ce sujet. "La désobéissance civile au nom du climat est difficilement compatible avec une fonction qui, en période de pandémie, appelle la population à respecter les gestes barrières", a-t-il réagi lundi sur la RTS. Et d'ajouter: "Les hauts fonctionnaires de la santé ont un devoir de loyauté vis-à-vis de leurs employeurs. Il faut choisir son camp."
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Pour le président des Verts vaudois Alberto Mocchi, l’activisme pour le climat de Valérie d'Acremont ne pose aucun problème: "On ne peut pas parler de mélange des genres étant donné qu'ils n'ont pas participé au nom de leur fonction mais en tant que citoyen et citoyenne inquiets pour le climat", a-t-il expliqué sur les ondes de la RTS.
Une issue incertaine
Ce procès est programmé jusqu'à mercredi. Il fait partie de la série dite du "procès des 200", entamée en septembre dernier et qui voit défiler les militants au tribunal pour divers faits de désobéissance civile à Lausanne entre 2019 et 2020.
L'issue du procès reste encore incertaine. Pour rappel, les militants climatiques ont récemment remporté une rare victoire devant la justice vaudoise. Cinq d'entre eux ont été acquittés le 20 janvier dernier par le Tribunal d'arrondissement de Lausanne pour leur participation à une manifestation en septembre 2019.
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Sujet radio: Julie Rausis
Adaptation web: Hélène Krähenbühl avec ats