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Les candidats pour le 2e tour des élections vaudoises draguent les abstentionnistes

Remobiliser l’électorat, c’est le défi majeur pour les candidats au 2e tour des élections au Conseil d’État vaudois
Remobiliser l’électorat, c’est le défi majeur pour les candidats au 2e tour des élections au Conseil d’État vaudois / 19h30 / 4 min. / le 3 avril 2022
A une semaine du deuxième tour pour l'élection au Conseil d'Etat vaudois, le défi pour les candidates et candidats sera de remobiliser les citoyens pour qu'ils aillent voter. Le taux de participation du premier tour n'a été que de 34%, le plus bas de ces 20 dernières années.

A gauche comme à droite, les candidats sont au front pour cette course au Conseil d'Etat vaudois. Mais en face, les électeurs ne se précipitent pas et la participation s'érode année après année. En 20 ans, le canton de Vaud a vu le taux de participation à ses élections baisser de presque 10% pour passer de 43% à seulement 34%.

Pour encourager les citoyens à voter, chacun a sa stratégie: distribution de prospectus ou de chocolat. Mais pour la candidate PLR Isabelle Moret, l'essentiel est de "sensibiliser les gens au fait que des élections existent, qu'on est dans un pays démocratique et qu'on a une vraie chance par rapport à d'autres pays qui ne le sont pas. Et de comprendre pour quelles raisons ils n'ont pas voté".

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Les raisons de l'abstention

Cesla Amarelle, la candidate socialiste, s'est également donné comme priorité de rencontrer les abstentionnistes: "L'abstention dans une démocratie, c'est toujours quelque chose de négatif. Cela donne l'impression que les citoyens ne se sentent pas de s'approprier les débats politiques".

Les raisons de cette participation en berne sont multiples et les profils des abstentionnistes sont variés.

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"De devoir s'intéresser à chaque candidat, chaque idée, chaque volonté qu'ils ont, c'est un peu difficile. ça demande beaucoup de temps. Et du coup, on ne vote pas", explique par exemple dans le 19h30 un jeune rencontré dans la rue.

"J'ai l'impression qu'il n'y a pas grand-chose qui change, quel que soit les personnes [élues]", ajoute un autre citoyen.

"Je ne vois pas de différence. Je vois toujours les gens qui doivent se serrer la ceinture pour finir les fins de mois, alors je m'abstiens", dit encore un autre.

Taux de participation le plus faible d'Europe

L'attrait pour le renouvellement des autorités cantonales est en baisse un peu partout pour se situer en moyenne entre 35% et 40%. En Suisse, le taux de participation moyen aux élections fédérales est de 45%.

Selon le politologue Georg Lutz, la Suisse se démarquerait de ses voisins européens par une participation particulièrement faible: "Il n'y a pas d'autre pays en Europe où le taux est aussi faible. Mais on constate aussi que ce ne sont pas toujours les mêmes personnes qui participent. Or, en l'espace de 4 à 5 ans, jusqu'à 80-90% des gens participent au moins une fois à une élection ou à des votations. Et là, le taux de participation des Suisses est similaire à celui d'autres pays, où l'on participe à une élection tous les 4 à 5 ans."

La participation aux votations est soumise à des variations élevées. Parmi les flops de ces 5 dernières années, la votation sur les jeux d'argent n'a intéressé que 34% de la population, tandis que la modification de la loi Covid l'an dernier a mobilisé 67% des citoyens.

Faiblement élus, mais toujours légitimes

Avec en moyenne moins d'un Suisse sur deux qui se rend aux urnes, faut-il s'inquiéter d'un déficit démocratique? Pas forcément, répond Georg Lutz: "Même lorsque la participation est très faible, les résultats des votations sont bien acceptés. Un faible taux de participation est regrettable, mais il ne remet pas en question la légitimité des décisions."

Dans le canton de Vaud, la droite et la gauche se montrent toutefois soudés pour faire face à l'abstention, qui se profile bel et bien comme le principal adversaire.

Geneviève Dentan / fme

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