Alain Soral condamné à trois mois de prison ferme pour homophobie par la justice vaudoise
Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 63 ans, "a été reconnu coupable de diffamation, d'homophobie et d'incitation à la haine", a indiqué mardi l'association professionnelle des journalistes Impressum dans un communiqué consécutif à une ordonnance pénale formulée par le procureur général vaudois Eric Cottier datant de lundi.
Cette condamnation fait suite à des propos tenus par Alain Soral dans une vidéo publiée sur son site internet Egalité et Réconciliation (E&R). Il y avait tenu un discours homophobe envers une journaliste en raison de ses articles publiés dans les quotidiens 24 heures et La Tribune de Genève, la traitant notamment de "grosse lesbienne" et "militante queer", insinuant que ce dernier terme voulait dire "désaxé".
Cherche à "éveiller" un sentiment homophobe
La journaliste avait déposé une plainte pénale en septembre dernier. Le procureur général estime qu'Alain Soral cherche à "éveiller" un sentiment homophobe auprès de son public. Sa déclaration avait pour but de diffuser "du mépris à l'encontre de la plaignante en tant que lesbienne et plus largement à l'encontre des membres de la communauté homosexuelle", selon 24 heures.
Pink Cross, l'Organisation suisse des lesbiennes (LOS), Vogay et l'Association Lilith avaient également dénoncé à la justice ces déclarations discriminantes.
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Des jours-amende
Selon 24 heures, le Ministère public vaudois a aussi condamné financièrement Alain Soral. Il doit s'acquitter de 1500 francs de jours-amende et des frais de procédure de 1950 francs.
L'idéologue franco-suisse d'extrême droite a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions de provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.
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ats/vajo
Décision saluée par Impressum
Dans son communiqué, Impressum se félicite donc de cette décision. Il n'est pas acceptable que des journalistes subissent de tels propos injurieux et inadmissibles dans l'exercice de leur profession. Ces attaques (...) doivent être fermement condamnées par la justice. Par cette condamnation, la justice vaudoise donne un signal clair contre la haine, l'intolérance et contre l'impunité des atteintes à l’encontre des journalistes", déclare l'association.
"Cette condamnation me réjouit à plus d'un titre. D'une part, elle montre qu'on ne peut pas impunément semer des discours haineux, et dans le cas spécifique, contre les personnes LGBT. Elle signifie aussi que les attaques personnelles ne peuvent être tolérées dans l'exercice de notre profession de journaliste", a de son côté réagi la plaignante Cathy Macherel, citée dans le communiqué d'impressum.
"L'homophobie n'est pas une opinion", souligne Syndicom
Pour sa part, Syndicom se réjouit aussi de ce verdict qui "rappelle que l'homophobie n'est pas une opinion".
"Cette affaire montre aussi l'augmentation des agressions, des attaques et du harcèlement envers les professionnels des médias dans le cadre de leur activité. Il est essentiel qu'ils soient protégés et défendus sans quoi c'est la liberté de la presse et le droit d'être informés qui sont menacés".