Pour inciter les gens à limiter leurs déchets, une commune va supprimer ses poubelles publiques
En appliquant la tolérance zéro, la commune vaudoise de Préverenges va-t-elle enfin mettre un terme à la problématique des déchets qui se répète chaque été sur sa plage? La réponse sera connue au terme de l'expérience, l'automne prochain, lorsque les baigneurs auront rangé leur maillot de bain et leur panier de pique-nique dans le placard.
En attendant, l'idée originale et osée de Préverenges, qui se veut pionnière en la matière autour du Léman, interpelle. Est-ce que la suppression des poubelles de la plage incitera les gens à se responsabiliser? Pas si sûr, a laissé entendre mardi soir au micro de Forum Océane Dousteyssier, psychologue sociale spécialisée en sciences comportementales.
"En théorie, on peut penser que retirer toutes les poubelles devrait permettre de responsabiliser les citoyens vis-à-vis de leur propre production de déchets. Mais en pratique, on va se rendre compte que même si les gens sont pleins de bonnes intentions, il est difficile de faire évoluer les habitudes", explique-t-elle. Quoi qu'il en soit, pour la psychologue, il sera primordial pour les autorités de bien encadrer ce projet, et de bien communiquer sur ce changement.
Rendre au contraire les poubelles "plus attractives"
Océane Dousteyssier craint qu'en supprimant totalement les poubelles, les gens aient l'impression qu'on leur en demande trop d'un coup. "En sciences du comportement, on va plutôt essayer de faciliter l’adoption d’un nouveau comportement pour inciter les gens à changer leurs habitudes", indique-t-elle.
Dans le cas de la propreté, il s’agirait par exemple de travailler sur la saillance des poubelles à disposition. "C’est-à-dire les rendre plus visibles et attractives d’une part, et d'autre part de rendre le chemin pour accéder à la poubelle plus saillant pour inciter les gens à se déplacer", détaille-t-elle. "Ce qu'on va essayer de faire, c’est trouver un petit bénéfice immédiat pour récompenser les gens qui adoptent le bon comportement". Elle donne comme exemple "très simplifié" une poubelle qui prendrait la forme d'un panier de basket, ou qui dirait "merci" au moment de jeter ses déchets.
Trois voies possibles
Comme cette solution est plus difficile à mettre sur pied, deux autres options sont plus généralement privilégiées, observe-t-elle: la sensibilisation, ou encore la punition, comme ce sera le cas à Préverenges dès le 13 juillet lorsque les poubelles auront disparu. La sensibilisation, elle, permet de changer les intentions des gens, c’est-à-dire qu'ils vont vouloir avoir des plages plus propres, mais ça ne va pas agir au niveau de leur comportement, souligne la chercheuse.
Selon elle, une troisième voie serait plus adéquate. "En sciences humaines, cette voie passe par l'analyse des comportements humains et des leviers qui font que les gens changent de comportement, sans carotte ou bâton. On va faire en sorte que les gens se sentent libres de prendre la bonne décision". L'idée est alors de généraliser les comportements qui seront bénéfiques pour les individus ou la communauté, et ce tout en leur laissant la possibilité d'adopter un autre chemin. "C'est ce qui est fait par exemple avec le nutriscore sur les aliments que l'on trouve dans les supermarchés, avec un score qui note combien un élément est bénéfique pour notre santé".
Propos recueillis par Tania Sazpinar
Adaptation pour le web: Fabien Grenon