C'est l'Alliance "Stopper la reconnaissance faciale" qui est à la base de la démarche. En font partie le conseiller communal socialiste lausannois Benoît Gaillard et plusieurs ONG, dont la section suisse d'Amnesty International.
Pour sa porte-parole Nadia Boehlen, interrogée lundi dans le 12h30, "le risque avec la reconnaissance faciale, c'est quand elle est couplée avec une surveillance vidéo, car cela permet de surveiller l'espace public de matière automatisée et d'identifier très facilement les personnes qui circulent dans cet espace public".
Et d'ajouter que cette pratique représente "un risque énorme" pour la protection de la sphère privée et pour la liberté d'expression. "Si les gens savent qu'ils sont surveillés en permanence, cela va les empêcher de se rassembler, ce qui compromet la fonction de nos villes comme lieu de cohabitation libre et de démocratie."
Agir en amont
Pour l'heure, il n'existe en Suisse aucune surveillance biométrique de masse. Mais pour les militantes et militants, il est essentiel d'agir en amont, car ces technologies sont utilisées ou en phase d'expérimentation dans de nombreux pays.
Pour les pétitionnaires, il faut donc d'urgence poser un cadre légal clair et n'utiliser cette technologie que dans des situations bien précises. Actuellement, plusieurs polices cantonales ont recours à ces systèmes de reconnaissance faciale à des fins de poursuite pénale, notamment dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel, selon les pétitionnaires.
Une pétition remise aux autres cantons
Pour le syndic de Lausanne Grégoire Junod, qui a réceptionné la pétition, cette préoccupation est légitime et "extrêmement importante". A ses yeux, il est très positif qu'elle arrive maintenant, en amont. "Cela va devenir un réel enjeu, en termes de surveillance privée et de surveillance publique."
L'élu municipal cite également l'exemple de la Chine, où la reconnaissance faciale a été généralisée et est devenue un outil de surveillance et de contrôle social extrêmement fort. "Je ne souhaite pas qu'on aille dans cette direction, donc il y a vrai enjeu de réglementer ces questions."
La pétition sera remise au Conseil municipal de Zurich mercredi, puis aux autres chefs-lieux cantonaux du pays. Reste à voir quelle sera la marge de manoeuvre des villes suisses en matière de cadre légal. Le débat est donc lancé.
A l'international, San Francisco, Portland ou Nantes ont déjà franchi le pas, interdisant cette technologie dans l'espace public.
>> Revoir l'émission de Géopolitis sur la surveillance sur internet:
Martine Clerc/boi