Catherine Fussinger: "Le personnel médical n'est pas assez formé pour l'accueil des personnes LGBTIQ"
Alors que mardi marque la journée internationale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie, Catherine Fussinger explique qu'il reste encore de nombreux domaines où une sensibilisation est nécessaire.
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"Les actions qui ont été entreprises depuis une dizaine d'années se sont principalement concentrées d'une part sur le sida et la santé des hommes gays et d'autre part sur les jeunes dans le cadre de l'école et de la formation. D'autres classes d'âge, comme les adultes ou les seniors, ont été moins prises en compte. Il en va de même pour les domaines du travail, du sport, de la spiritualité ou encore la lutte contre les violences."
Seniors aussi concernés
Lorsqu'on devient dépendant, on risque de se retrouver dans un environnement qui ne connaît pas la réalité des personnes LGBTIQ
Catherine Fussinger prend l'exemple des seniors: "Lorsqu'avec l'âge, on devient dépendant, on risque de se retrouver dans un environnement qui ne connaît pas la réalité des personnes LGBTIQ (personnes lesbiennes, gay, transexuelles, intersexuelles, queer, ndlr.) Divers projets ont été mis en place, notamment à Genève, où une recherche-action a été menée pour sensibiliser les professionnels à un accueil inclusif."
La déléguée aux questions LGBTIQ insiste également sur l'importance de sensibiliser les politiques: "Il faut leur rappeler que la vieillesse concerne aussi les personnes LGBTIQ et qu'il faut prendre des mesures qui tiennent compte de leur réalité."
Les lesbiennes en moins bonne santé
Les lesbiennes connaissent des difficultés similaires. Selon une enquête vaudoise menée il y a trois ans, elles sont en moins bonne santé que le reste de la population féminine, car elles sont confrontées à une prise en charge médicale souvent inadéquate. Pour Marie-Annick Le Pogam, médecin associé à Unisanté Lausanne, cela s'explique en partie par une méconnaissance de la problématique.
"Parfois, on pêche par excès de confiance, en se disant que ce sont des gens comme tout le monde et qu'il n'y a rien de plus à faire", explique-t-elle dans La Matinale. Elle précise toutefois que le facteur idéologique joue aussi un rôle: "Il y a aussi des composantes morales ou religieuses qui font que le personnel médical n'a pas envie de prendre en charge ces populations-là."
"Déficit au niveau de la formation des professionnels"
Pour pallier le manque, un centre de consultation spécifique de la fondation ProFa a ouvert l'année dernière à Renens, et il en existe un autre à Genève. Par ailleurs, une nouvelle formation destinée aux professionnels des soins devrait voir le jour sous la responsabilité d'Unisanté.
Pour Catherine Fussinger, il faudrait que ces initiatives s'étendent à l'ensemble des personnes LGBTIQ: "De fait, les professionnels de la santé ne sont aujourd'hui pas sensibilisés à l'accueil de personnes LGBTIQ. Il y a de petites choses qui se mettent en place, mais de manière générale, il y a un gros déficit au niveau de la formation des professionnels, que ce soit dans le domaine de la santé, du social, de l'école, et il y a un très gros travail à mener de manière générale", conclut-elle.
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Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Antoine Schaub
Les jeunes LGBT davantage la cible de violences que les autres
Les jeunes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) sont davantage la cible de violences sexuelles et de harcèlement que les autres, montre une étude vaudoise. Ils consomment aussi plus de substances psychoactives et se considèrent en moins bonne santé.
Un jeune sur six (16,5%) indique avoir une orientation non exclusivement hétérosexuelle, selon l'étude réalisée par Unisanté à Lausanne, qui a été présentée mardi dans la capitale vaudoise. Parmi ces personnes, 15% disent avoir été victimes d'agressions sexuelles au cours des trente derniers mois, contre 3% des hétérosexuels. Et 16% rapportent avoir subi du harcèlement (y compris en ligne) de manière hebdomadaire sur les douze derniers mois (contre 8%).