L'audit commandé l'été dernier par le Conseil de fondation de l'établissement et la Municipalité d'Yverdon-les-Bains faisait suite à un article du Blick romand épinglant le directeur du musée Marc Atallah et plusieurs problèmes internes. Il lui était notamment reproché l'engagement de proches et des problèmes de gouvernance, accusations rejetées par le directeur.
Les résultats de l'audit externe ont été présentés mercredi à l'Hôtel de Ville, en présence du syndic de la Ville Pierre Dessemontet et de la vice-syndique Carmen Tanner, du président Laurent Gabella et vice-président Gustave Millasson du Conseil de fondation et de Marc Atallah lui-même. Le rapport fait 33 pages.
Il constate "que le musée a connu une croissance fulgurante et un important succès public, sans que les structures fonctionnelles et les finances nécessaires à l'évolution de celles-ci soient adaptées en conséquence", résume le document.
Organisation à revoir
Il relève d'importantes lacunes et zones d'ombre à de nombreux échelons de l'organisation du musée. Il en découle 30 recommandations dans les domaines de la gouvernance, du pilotage opérationnel, des finances et des ressources humaines. L'enquête ne relève "aucun fait pénalement répréhensible ni dysfonctionnement grave ou acte pouvant relever du harcèlement ou de la discrimination".
Toutefois, tant le directeur du musée Marc Atallah que le Conseil de fondation et la Municipalité sont pointés du doigt. Un mot ressort à de multiples reprises dans le rapport: clarification. Les rôles de chaque entité ne sont pas assez clairs, voire confus, nombreuses règles de fonctionnement ne sont pas assez bien définies, la planification de projets manque aussi souvent de clarté et de suivi, le budget et les comptes doivent être plus compréhensibles.
Confiance maintenue envers Marc Atallah
Au vu des conclusions de l'enquête, le Conseil de fondation dit maintenir "toute sa confiance envers son directeur". Marc Attalah est décrit comme un directeur charismatique et innovant, dont personne ne remet en question les compétences artistiques. En revanche, il ne serait pas à la hauteur en matière de gestion interne et de ressources humaines.
L'audit suggère ainsi une codirection, avec une direction artistique et une direction administrative, en charge notamment des ressources humaines (RH). Les relations avec le Conseil de Fondation et la Municipalité devraient aussi être clarifiées, par exemple à travers une convention de subventionnement.
Réactions du côté de la municipalité
Quant au président et vice-président du Conseil de fondation, ils ont annoncé qu'ils quitteraient leurs fonctions cette année, n'étant plus sur la même longueur d'onde avec la majorité du Conseil, sous-entendant avoir l'impression d'être "poussés vers la sortie". Ils ont affirmé au passage qu'ils auraient aussi souhaité un changement de représentation de la Municipalité au Conseil, ciblant plus particulièrement la vice-syndique Carmen Tanner.
Du côté de la Municipalité, l'heure est plutôt au soulagement. Le rayonnement national - voire international - de la Maison d'ailleurs est important pour l'image d'Yverdon, et cette enquête ne l'égratigne pas trop. Mais certaines voix soulèvent la question de la gouvernance floue de ce type d'institutions culturelles, à cheval entre le public et le privé, tandis que d'autres dénoncent son opacité.
La Municipalité entend désormais "clarifier" ses attentes envers la Maison d'Ailleurs par la mise à jour de la Convention la liant à l'institution. Il s'agira aussi de rédiger une lettre de mission pour les membres que la Ville nomme au Conseil de fondation. Sa surreprésentation au Conseil de fondation est épinglée par l'audit.
ats/cab
Musée dédié à la science-fiction
La Ville d'Yverdon subventionne la Maison d'Ailleurs à hauteur de 560'000 francs, ce qui couvre entre un tiers et la moitié de son budget annuel. Musée dédié à la science-fiction et fleuron de la vie culturelle yverdonnoise, la Maison d'Ailleurs a été fondée en 1976. Chapeautée par une fondation privée à but non lucratif, elle est dirigée depuis 2011 par Marc Atallah, également maître d'enseignement et de recherche à l'Université de Lausanne.