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Philippe Leuba: "J'ai fait des fautes, il n'y a pas l'ombre d'un doute"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Philippe Leuba, conseiller d’Etat libéral-radical vaudois en charge de l’économie
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Philippe Leuba, conseiller d’Etat libéral-radical vaudois en charge de l’économie / La Matinale / 11 min. / le 21 juin 2022
Quinze ans après son élection au Conseil d'Etat vaudois, Philippe Leuba s'apprête à faire ses adieux au gouvernement. A l'heure du bilan, l'élu PLR retient surtout ce qu'il a amené à son canton, même s'il reconnaît quelques "mauvais choix".

Lors des élections du printemps, Philippe Leuba ne s'était pas représenté pour un quatrième mandat et quittera donc son poste le 30 juin prochain. Mardi après-midi, les députés du Grand Conseil lui rendront hommage, ainsi qu'aux autres élus sur le départ.

"C'est une page qui se tourne. J'attends cet épisode avec un peu d'émotion et de recul à la fois", livre le chef du Département de l'économie à la RTS quelques heures avant cette séance un peu spéciale.

"Du tournus pour du tournus?"

Quel bilan retenir après quinze ans au sein du Conseil d'Etat et neuf ans au Grand Conseil? Celui qui se définit comme un "terrien" - il est issu d'une famille de vignerons-tâcherons du côté maternel - veut surtout mettre en avant son action auprès du monde paysan.

"Quand vous discutez avec un paysan, que vous parvenez à régler son problème et que vous retrouvez dans ses yeux l'étincelle de la passion agricole, cela vaut tous les bilans possibles au moment de vos adieux", assure Philippe Leuba dans La Matinale.

La politique, ce n'est pas 'Top Model', il ne faut pas rafraîchir le casting pour tirer de l'audience

Philippe Leuba, conseiller d'Etat vaudois

Lorsqu'il a annoncé qu'il renonçait à briguer un nouveau mandat en août dernier, le PLR décrivait une fonction "dévorante". Selon lui, la longévité n'est pas une question centrale, malgré ses longues années politiques au compteur.

"La question n'est pas tellement la durée, c'est plutôt de savoir ce que vous amenez à votre canton. Il y a des hommes ou des femmes politiques qui ont passé beaucoup de temps au pouvoir et qui ont beaucoup amené. Faut-il faire du tournus pour du tournus? Combien de fois nous avons tourné et nous avons échoué? La politique, ce n'est pas la série 'Top Model', il ne faut pas rafraîchir le casting pour tirer de l'audience."

Une histoire de Dafalgan

Dans sa longue saga politique, l'ancien arbitre de football reconnaît aussi des "erreurs médiatisées". L'une des plus récentes s'est produite sur le plateau du 19h30 en mars 2020. Alors que la Suisse découvrait le coronavirus, le conseiller d'Etat dénonçait une "psychose généralisée" en parlant aussi d'une maladie "qui se soigne en 4-5 jours avec une prise de Dafalgan comme n'importe quelle grippe".

"Je me suis trompé sur le moment, incontestablement", admet aujourd'hui Philippe Leuba. "Mon intervention est apparue comme une minimisation de la crise sanitaire. Aujourd'hui, les gens qui souffrent du Covid et qui n'ont pas d'autres symptômes, dans leur immense majorité, c'est comme ça qu'ils se soignent. Il y a eu une erreur de momentum, je la regrette."

D'après le Vaudois, les hommes et femmes de pouvoir commettent forcément des impairs. "J'ai fait des fautes, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Mais c'est profondément humain, tous ceux qui prennent des décisions font des erreurs. L'essentiel est de prendre plus de décisions justes que de mauvaises."

>> Le portrait de Philippe Leuba réalisé par 26 minutes :

L'invitée de la rédaction: Carole Blatter
Portrait de Philippe Leuba en images / 26 minutes / 1 min. / le 4 juin 2016

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Guillaume Martinez

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Nouveau défi

Même s'il condamne ceux qui "tapent sur la tête" des politiques, Philippe Leuba ne découragerait pas pour autant ses enfants à se lancer à leur tour. "C'est le destin d'une collectivité qui se joue. Autant tenter de s'impliquer que d'être passif et de regarder la télévision", lâche-t-il.

Passif, le futur ex-conseiller d'Etat ne le restera pas. A 56 ans, il s'apprête à relever un nouveau défi. "Les choses ne sont pas encore finalisées. Vous ne saurez rien pour l'heure."