Dans ce duel qui oppose deux poids lourds de la politique, Pierre-Yves Maillard part favori. L'ancien homme fort du gouvernement cantonal et conseiller national vaudois le mieux élu aux dernières élections fédérales est aujourd'hui à la tête de l’Union syndicale suisse (USS).
Pour de nombreux socialistes, le choisir est donc une évidence afin de récupérer le siège perdu au Conseil des Etats en 2019.
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Mais une surprise est toujours possible. Roger Nordmann, rassembleur et fin tacticien, est un élu important au Conseil national, où il dirige le groupe socialiste.
Deux visions du parti
Les deux hommes incarnent deux courants différents du Parti socialiste. Pierre-Yves Maillard représente l'aile syndicaliste, avec les thèmes chers à la gauche, tels que le pouvoir d'achat et les assurances sociales. Il a aussi balayé l'accord-cadre avec l'Union européenne.
De son côté, Roger Nordmann incarne un PS plus technicien. Il est lui favorable à un rapprochement avec l'UE et se profile sur des thématiques comme l'environnement ou l'égalité hommes-femmes.
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Le Lausannois sait qu'une défaite samedi signerait la fin de sa carrière fédérale, voire de sa carrière politique, car il a dépassé la limite des mandats imposée par son parti.
Pierre-Yves Maillard, un camarade estimé
Le style, l'aura et les réseaux des candidats pourraient faire la différence au moment du choix des membres du parti. Sur ce point, Pierre-Yves Maillard a une longueur d'avance. A l'interne, le syndicaliste est très considéré. "C'est Dieu sur Terre", glisse un militant de toujours.
"Pierre-Yves, c'est un homme de terrain, et Roger un homme de dossier", résume encore un de leur camarade. Malgré son profil d'expert, Roger Nordmann ne s'est pas construit dans le sillage de la génération des "maillardiens". Il a fait carrière à Berne très tôt.
Pour le parti, qui doit renouer avec la victoire après la claque des dernières élections cantonales, le président de l'USS incarne une figure salvatrice. Mais cet argument agace les soutiens de Roger Nordmann, qui estiment qu'il s'agit surtout d'un moyen pour légitimer l'ambition galopante de Pierre-Yves Maillard.
Mobilisation des soutiens
Beaucoup de militants socialistes sont mal à l'aise face à ce choix cornélien. Les soutiens de Roger Nordmann, qui ont saisi cette hésitation, appellent leurs camarades à voter pour le candidat lausannois.
Selon eux, la seule façon de garder les deux figures vaudoises à Berne est d'envoyer Roger Nordmann au Conseil des Etats et de garder Pierre-Yves Maillard au Conseil national.
Le verdict tombera samedi prochain lors du congrès du PS vaudois à Payerne.
Martine Clerc/iar